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 Marc Strondheim - L'histoire insipide d'un homme ennuyeux.

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Marc Strondheim

Précepteur à Exodum

Marc Strondheim

• Fiche : Une vie de savoir ne comble pas le vide du coeur.
• Messages : 108
• Points d'Influence : 260
• Age : 32
• Esclave de : Ses recherches.
• Protecteur : Son savoir.

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MessageSujet: Marc Strondheim - L'histoire insipide d'un homme ennuyeux.    Marc Strondheim - L'histoire insipide d'un homme ennuyeux.  EmptyMer 19 Déc - 13:52



Nom : Strondheim.
Prénom : Marc.
Surnom : Professeur Strondheim.
Âge : 32 ans.
Titre : Précepteur.
Origine : Frickwitch ;
Orientation sexuelle : Hétérosexuel.
Factions : Pour le moment, c'est un « simple » universitaire d'Exodum.!



Vous [350mots]

Il est assis là, la tête toujours plongée dans un livre.

Avec un regard ennuyé, Lucrèce observe son époux : la nuit est tombée, la lueur de la bougie découpe son profil impassible. Marc a ouvert les trois premiers boutons de sa veste, et d'une grande main pâle, il maintient son menton carré, profondément passionné par sa lecture. Parfois, l'homme se réveille, puis il s'empresse de saisir sa plume pour inscrire dans un grattement sonore quelques notes. L'encre noire macule le parchemin, ses longs doigts reposent la plume dans l'encrier, et il retombe aussitôt dans l'abîme de ses réflexions. Jamais son regard sombre ne se lève sur elle. Lucrèce pousse un léger soupir, et elle lui tourne le dos, déçu.

Le paysage défile devant lui, mais Marc n'y prête aucune attention. Le train avance à fière allure, tandis que des voix derrière lui attisent son agacement. Cependant, l'homme ne prononce aucun mot, il se contente de recopier soigneusement sur une feuille vierge le modèle anatomique de son livre. Il porte un pantalon noir, une chemise blanche sous un veston noir, on pourrait affirmer qu'il est élégant ; sa chevelure brune et courte tombe en épis autour de son visage angulaire, cachant l'iris obscur de ses yeux tirés légèrement en amande. Élise est face à lui, elle porte un beau chapeau, et une robe bleue. Elle fixe l'homme avec un ennui profond, avant de grogner discrètement, irritée.

Marc se tient bien droit, devant la fenêtre d'un bureau décoré avec goût. Il donne cours à une adolescente de quinze, sans s'apercevoir qu'elle le dévore des yeux. Sa voix profonde est calme, comme le reste de sa personne. Elle note avec affection à quel point il est grand, et elle estime qu'il doit approcher le mètre quatre-vingt-six, peut-être un peu moins. Elle admire ses longues jambes, ainsi que ses épaules larges, elle l'imagine musclé ; elle se trompe. Cependant, elle se rappelle les paroles de sa mère au sujet de ce précepteur : « il ne décroche jamais un sourire, il est trop fier pour cela, et puis il n'est pas le plus séduisant des hommes ; son physique est passe-partout, il doit être insipide », et elle s'assombrit. Elle aurait aimé que cet homme, si inaccessible, si glacial, si rigoureux, lui donne un jour un baiser chaleureux.

Le cours se termine, la jeune fille tente de lui dire au revoir, mais c'est trop tard ; Marc a déjà disparu, son carnet de notes sous le bras, obsédé par ses recherches, et par rien d'autre.



Opinions et convictions [200mots]

Un jour, un élève a demandé à Marc ce qu'il pensait d'Ishtar, fasciné par la culture de son professeur. Malheureusement, l'homme lui a donné une réponse fade, dénuée d'intérêt, et n'a pas comblé les attentes de l'adolescent. Marc semble indifférent à ce qui l'entoure, mais ce n'est qu'une façade. Personne ne peut la deviner, sous ces traits rigides, on peut simplement se l'imaginer ; un homme passionné par les sciences, l'histoire, et la philosophie doit être sans doute contre l'université de Libris Umbra, et aimer les arts ? C'est faux. Libris Umbra n'évoque rien de particulier pour Marc, les arts sont pour lui qu'une mauvaise imitation de la réalité.

Esprit aiguisé, esprit vif, il aime le progrès, et la recherche. Esprit critique, il condamne certaines actions de l'Empire, et en salue d'autres. Un sujet qu'il garde précieusement pour lui, c'est la République de Solmar, son plus grand désir est de se rendre là-bas pour étudier ces habitants, et les comprendre. Un vieux rêve d'enfant qu'il a hérité de son père. En cela, il juge les actions de l'Empire contre les Solmarites impardonnables ; ces derniers s'étant coupés du monde, Marc ne peut pas les étudier, et comparer ce qu'il voit d'eux, de ce qu'on dit d'eux. Il est curieux de tout, mais possède une morale façonnable : si c'est pour le bien de ses recherches, il peut justifier n'importe quels actes. Il méprise seulement ceux ou celles tentant de briser son quotidien, ou se mettant en travers de sa périlleuse quête de savoir. Et c'est tout.


Votre Histoire [1000mots]

Naissance, jeunesse, formation, aventures, voyages... Ce qu'il y a à savoir sur vous... C'est là que vous nous montrez que vous avez bien lu le contexte en présentant un texte qui tient la route. =)


Pouvoirs



Intellectuel.

Érudition :

- Sciences exactes : calculs, lois de la nature, expériences en laboratoire... Tout cela est clair pour votre esprit cartésien.

- Sciences humaines : vous avez l'écrit facile et comprenez aisément les hommes. De plus, vos connaissances de l'histoire ou de la géographie dépassent le commun des mortels.

Médecine:

- Soins : c'est là la capacité à administrer les soins divers et variés. Recoudre une plaie, immobiliser un membre cassé,... Tout cela est à votre portée.

- Alchimie : herborisme, recherche de minerais rares, expériences diverses et variées, préparation de diverses mixions, vous avez de quoi faire. A l'ère de la technologie, toutes ces choses sont loin d'être dépassées.





Hors-Jeu

+ Comment avez-vous découvert le Forum :

En fait, je sais pas, j'ai vu un lien, et j'ai cliqué.

+ Avez-vous des conseils/des remarques le concernant :

Non non, j'aime beaucoup l'aspect « clarté » du forum xD

+ Votre disponibilité (moyenne) :

Avec les cours, ce sera un peu : /\/\_/\___/


Dernière édition par Marc Strondheim le Ven 21 Déc - 21:37, édité 2 fois
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Ludwig Walhgren

Frère de l'Ordre

Ludwig Walhgren

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MessageSujet: Re: Marc Strondheim - L'histoire insipide d'un homme ennuyeux.    Marc Strondheim - L'histoire insipide d'un homme ennuyeux.  EmptyMer 19 Déc - 19:33

Hey ! o/

C'est un plaisir de te voir parmi nous ^^ Fais ta fiche à ton aise, bien sûr, je ne viens que pour répondre à tes questions qui me sont parvenues par ooVoo :

En tant qu'ancienne (très ancienne en fait XD) d'Ishtar, Tu as droit à 4 pouvoirs : peu importe les catégories, dans maximum deux domaines différents. Pour les autres persos fraîchement créés, il s'agit de deux pouvoirs. + pouvoir de faction : "Hors système" s'applique apparemment au personnage Smile

Ok pour le titre o/



Sinon, petite note : il n'y a plus d'Eglise \o/ Ezhekiel Ier l'a fait éclater en plusieurs institutions qui ont évolué chacune de leur côté. La religion est devenue une affaire privée et, souvent, les personnes les plus éduquées les voient comme des philosophies ou théories scientifiques majeures, plutôt que des objet d'une foi aveugle. La fiche est sinon sur la bonne voie, j'ai hâte de voir ça o/

Bisous <3
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http://vasteblague.tumblr.com/
Marc Strondheim

Précepteur à Exodum

Marc Strondheim

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MessageSujet: Re: Marc Strondheim - L'histoire insipide d'un homme ennuyeux.    Marc Strondheim - L'histoire insipide d'un homme ennuyeux.  EmptyVen 21 Déc - 21:38


Votre Histoire [1000mots]

Parfois, certaines personnes s'interrogent sur la personnalité sombre et froide de Marc Strondheim, et souvent elles mettent cela sur le compte de son enfance menée en partie à Frickwitch. On sait que son père était un homme obsédé par son travail, et sa mère une belle femme délaissée par son époux ; sans doute à l'époque, Marc était un petit garçon malheureux. Comme souvent, lorsqu'on tente de comprendre Marc, on se trompe. Car lui, il se souvient encore de cette époque, où Hans Strondheim lui expliquait les principes fondamentaux de l'anatomie humaine. La passion de son père pour ces choses-là s'était très tôt marquée au plus profond de son être, si bien qu'il ne s'amusait jamais, et trouvait les autres enfants de son âge débiles. Sa mère, Milicia Lovewood examinait cela avec inquiétude, elle aurait préféré voir son fils se batailler gentiment avec les autres, au lieu de passer sa vie dans le bureau poussiéreux de Hans. Mais Marc y apprenait des choses, des choses qui le passionnaient. C'est gravé profondément dans sa mémoire, ces moments qu'il passait avec son père ; la haute silhouette de cet homme devant la fenêtre, les mains posées sur son bureau, elle lui masquait les rayons du soleil. Avec sa barbe épaisse, sa mâchoire carrée, et ses cheveux bruns mal coiffés, il était l'incarnation de ce qu'était un chercheur dans ce qu'il y avait de plus stéréotypé. Son regard sombre s'allumait de malice, lorsqu'il parlait à son fils de la République de Solmar, pendant que celui-ci apprenait à comprendre comment un être humain fonctionnait.

« Tu te rends compte ? Un système politique, où c'est le peuple qui décide de son souverain ? Où celui-ci ne subit pas la bêtise d'une famille durant plusieurs générations ! Et on dit qu'ils sont grands, forts ! Leur mode de vie semble à des années-lumière du nôtre, si tu veux mon avis, l'Empire n'est qu'un ramassis de retardés. »

Et Marc l'écoutait, parfois il participait au débat solitaire de son père, et aiguisait son esprit critique. À dix ans, il connaissait sur le bout des doigts l'ensemble de l'histoire de l'Empire, et il mettait en avant son sens de l'analyse dans les discussions de son père :

« Mais la famille Walhgren a quand même énormément contribué à l'avancement de la science. Et c'est Ezhekiel Premier qui a mis fin aux conflits, et...
— C'était ce que tout homme censé aurait fait. Même si fusionner le pouvoir de l'Église à celui de l'Empereur était une idée grave. Je pense qu'il s'intéressait plus à contenter sa soif de pouvoir qu'au reste. Enfin, on peut plus ou moins affirmer que nous vivons dans une époque prospère, les combats de l'époque ont amené la paix, même si elle n'est que superficielle. En quelque sorte, je crois que Marius De l'Ombrage, le fils renégat, est parvenu à ses fins. Nous ne subissons plus l'obscurantisme de ce pseudo sacro-saint ordre imbécile. »

Marc ne répondait pas toujours à ce genre de choses, il préférait soigner sa réflexion en se posant sans cesse des questions. Il semblait que la curiosité de son père coulait dans son sang, il ne tenait presque rien de sa mère ; mentalement, comme physiquement. En réalité, Milicia Lovewood devint rapidement une inconnue à ses yeux, et si son père ne remarquait rien, Marc commençait à voir de la tristesse se peindre sur le beau visage de sa mère. Peu à peu, elle mourrait, enfermée dans cette maison, à attendre vainement que son époux lui porte un peu d'attention. Malgré qu'ils se soient installés dans sa province natale, Frickwitch, Hans paraissait lui porter de moins en moins d'amour ; Milicia Lovewood finit par avoir le sentiment destructeur de n'être qu'une poupée sans intérêt pour Hans. Malgré tout, Marc était heureux, il le croyait. Ses parents ne faisaient pas partie de la noblesse, mais l'enseignement que lui procurait Hans Strondheim valait ceux des plus grands précepteurs de la Capitale. Ils étaient suffisamment riches pour s'élever un peu au-dessus des classes moyennes, et si sa mère n'avait pas tenu les comptes, Hans aurait dépensé toutes leurs économies pour emmener son fils en voyage. Et un beau jour, sans crier garde, Milicia Lovewood quitta Hans Strondheim. Elle partit avec un autre homme, avec pour seule parole d'adieu :

« Hans Strondheim, tu n'es qu'un homme ennuyeux. »

Ces mots, prononcés avec cruauté et mépris, se marquèrent au fer rouge dans le cerveau de Marc. Le dernier regard que porta sa mère sur son père s'était embrasé de haine. Ou bien était-ce du chagrin ? Marc n'avait pu jamais le déterminer. Toutefois, ce jour fatidique amorça une année sombre. Son père ne lui parla presque plus, il s'enferma dans son bureau, et il se consacra pleinement à ses recherches. Marc fit un bon nombre d'efforts pour que son père reprenne sa voix ivre de savoir, mais peu à peu, Hans se transforma en une carcasse vide. Sa femme l'avait quitté pour un autre, et il était incapable d'assurer à lui seul le fonctionnement d'une maison. Il laissait cette dernière dépérir, en même temps que lui ; Marc essayait de s'occuper des tâches ménagères, il apprit malaisément à faire la cuisine, et quand il parvint à faire quelque chose de correct, il décida de préparer un bon repas pour son père. Il était las de percevoir ses sanglots, lorsqu'il passait devant la porte de son bureau.
Alors un soir, celui de ses treize ans, il lui apporta un plateau d'argent, où une odeur de poulet au caramel s'élevait dans tout le couloir menant à l'antre de son père. Il frappa deux coups sur la porte, mais comme d'habitude, il n'obtint aucune réponse. Marc posa le plateau d'argent, et lorsqu'il eut le courage de perturber le silence de son père, son cœur se glaça d'effroi. Marc Strondheim s'était pendu avec la ceinture de son pantalon. Et ce fut cela qui éteint la lueur de ses pupilles, depuis Marc porte un masque impassible. Quelque chose était mort en lui.

On le confia à sa tante, mariée à un comédien ; elle était la mère de deux filles, et d'un petit garçon. Ils vivaient à Ishtar, la Capitale, la ville que Marc aurait aimé habiter. Leur demeure se trouvait dans le District des Avancés, ce qui n'était pas étonnant au vu des professions de la famille. Les deux filles jouaient de la musique, le fils se consacrait quant à lui au dessin. La première chose que remarqua le garçon, quand ils l'accueillirent, c'était le gigantesque fossé qui le séparait d'eux. Ce fut avec lassitude qu'il posa pour la première fois son regard sur eux, sa tante puait l'envie de gravir les échelons sociaux, tandis que son oncle ressemblait à l'imitation grotesque d'un acteur excentrique. Il méprisa aussitôt ses cousines, et son cousin ; elles étaient plus âgées de lui de quatre ans, et de deux ans. Leurs faces aussi poudrées que celle de leur mère inspiraient au futur professeur une profonde aversion, elles ressemblaient plus à des bouffons de la cour qu'à de véritables demoiselles. Son cousin, plus jeune d'un an, lui tendit un dessin qu'il avait confectionné. Étonné par ce cadeau, Marc avait haussé ses épais sourcils noirs, et il déclara aussitôt avec dédain :

« Ceci est un dessin ? Mais ne vois-tu pas toutes les erreurs qu'il comporte ! C'est un homme, une femme ? Le bras gauche est trop long, ses yeux ne sont pas symétriques, et bon sang, depuis quand voit-on des gens sortir dans les rues avec un tel accoutrement ?
— Marc... t'es méchant ! »

Et Marc grinça des dents, devant le sanglot abominable de l'enfant. Il poussa un soupir intérieur, il se retint de lever les yeux au ciel. Pourquoi fallait-il qu'il se retrouve avec de tels primates ?
Pourtant, Marc ne fut pas au bout de ses surprises. Lui, désormais à quelques pas de la grande Université d'Exodum, à deux doigts de réaliser son rêve en étudiant là-bas, se retrouva pendant six mois à être l'élève d'Architectura Templi. Autant dire que ce fut six mois éprouvants pour un être comme Marc ; ses partenaires étaient de véritables énergumènes, préférant apprendre à jouer de la musique, au lieu de s'intéresser à l'histoire. Marc malgré son physique passe-partout dénotait parmi eux. Totalement hermétique à l'art, il haussait la voix dès que « ces guignols maquillés comme de veilles prostitués » lui adressaient la parole. Il finit par cataloguer l'Université comme : « le berceau d'illuminés sans talents ». L'incident qui l'aida — enfin — à quitter l'université, ce fut le jour où une élève le surprit en train de découper une grenouille. Il étudiait tranquillement son système digestif, quand elle entra dans la salle de classe vide dans laquelle il s'était réfugié. Marc tenta péniblement de se concentrer à la tâche, mais le ton criard de la robe de la demoiselle, sans oublier sa voix haut perchée, lui tapèrent sur les nerfs. Dès qu'elle traita l'adolescent de : « barbare criminel n'ayant aucun respect pour les animaux », Marc se leva, en colère. C'était d'ailleurs la première fois qu'elle venait à lui, et il ne réfléchit pas. Sa main engluée de sang saisit la pauvre bête morte pour la lancer sur la figure rouge de sa camarade. Elle émit un cri si aigu que ça lui fit dresser les petits cheveux sur sa nuque.

« Je ne comprends pas ce qui t'a pris de faire ça, Marc ! La pauvre fille était si choquée qu'elle en a pleuré pendant une heure. »

Marc serra les dents, il tentait de contenir le profond agacement que sa tante engendrait. Dans la chambre que cette famille lui avait octroyée, il était en train de ranger soigneusement ses affaires dans une valise. Sa tante était sur le seuil de la porte, mal à l'aise, face à tous ces bocaux et livres que gardait précieusement le jeune homme. Il n'y avait aucun élément de décoration, mis à part un crâne humain posé sur la table de nuit, un crâne humain dont la tante ne connaissait pas la provenance. Et ces orbites vides qui la fixaient ne lui donnaient pas l'envie d'en savoir plus. Les bras croisés sous sa poitrine, elle fronça les sourcils, pendant que Marc défaisait les draps gris de son lit.

« Tu m'écoutes ? Et... pourquoi fais-tu cette valise ?
— Parce que je pars. »

La femme eut le visage marqué par la surprise, au point où son maquillage paraissait avoir fondu brutalement. Elle fit quelques pas vers son neveu, mais celui-ci leva la main pour lui interdire d'avancer. Il se retourna vers elle, il prit la veste qu'il avait abandonnée sur la chaise de son bureau, et tout en s'en habillant, il déclara :

« Ne vous en faîtes pas, ma tante, je dirai que vous vous êtes bien occupé de moi. Ainsi votre réputation ne sera pas tarie.
— Mais Marc... tu... tu es sous ma tutelle, je t'interdis de partir !
— Voulez-vous que je vous accuse de me détenir enfermé ici contre mon gré ? »

Contre cette logique, la tante fut incapable de lui répondre quoi que ce soit. Et c'est ainsi que Marc Strondheim prit sa vie en main, comme il le désirait.
La première chose qu'il fit lorsqu'il quitta cette demeure de fou, ce fut de se rendre à l'Université d'Exodum. Pour la première fois de toute son existence, son cœur battit d'excitation lorsqu'il s'approcha de l'édifice, il peinait à contenir son enthousiasme. Aussitôt qu'il mit un pied à l'intérieur, un sentiment de sérénité l'envahit ; ici, Marc prédisait qu'il s'y sentirait comme chez lui, comme dans le bureau de son défunt père. Il pouvait enfin laisser derrière lui ces imbéciles d'artistes, et se consacrer pleinement à ses passions. Son entrain le mena jusqu'à se poser une question naïve : dans ce lieu de pouvoir et de savoir, avait-on eu l'occasion d'étudier les Solmarites ? Marc s'y plut à y croire, et il avança. Un homme à la haute stature l'aborda, il portait de grosses lunettes, et une barbe de trois jours. Il lui demanda la raison de sa venue ici, et Marc, assuré, lui répondit :

« Je suis Marc Strondheim, le fils de Hans Strondheim.
— Oh ! Fit l'homme, enjoué. Et que devient ce vieux fou ? Est-il parvenu à se rendre à son continent de chimère ?
— Il s'est suicidé. »

Le front de l'homme se plissa, ennuyé par la nouvelle ; il prit toutefois le jeune homme sous sa protection. Il fut touché, quand Marc lui apprit qu'il n'avait nulle part où aller, et alors l'homme lui proposa de loger près des quartiers commerciaux de la Capitale. En échange, Marc acceptait de travailler pour lui, et d'être son élève.
Rapidement, Marc apprit que son père avait aussi travaillé, et étudié au sein de cette Université. La nouvelle lui donna un profond élan de nostalgique, mais froid avant tout, le jeune homme le repoussa en se concentrant sur ce qu'il devait faire. Lui aussi, il devait se bâtir un nom, pourtant un nom différent de celui de Hans Strondheim. La fascination de celui-ci pour les Solmarites lui avait offert une réputation de gentil rêveur, et si une bonne partie des scientifiques avaient une certaine affection pour Hans, son fils découvrit qu'on riait souvent de lui. Alors Marc garda le secret au plus profond de son cœur que lui aussi, un jour, il désirait s'aventurer sur ces terres lointaines, et étudier le peuple vivant là-bas. On fut étonné par ses fines connaissances en histoire, ainsi que par son approche élaborée qu'il avait de l'humanité. Ce fut avec plaisir que Théodore, son maître, lui enseigna la médecine ; il façonnait au jeune homme un avenir prometteur, aidé par le talent et l'intelligence de celui-ci, la soif de connaissance de Marc paraissait n'avoir aucune limite. Toutefois, Théodore déplorait l'hermétisme de Marc pour tout ce qui touchait aux arts, et souvent, il lui disait :

« Tu sais Marc, si tu te mettais à la musique par exemple, tu serais promis à avenir encore plus brillant à celui que tu es en train de te bâtir. Vraiment, c'est effrayant : aucun domaine ne semble t'échapper. »

Et avec désarroi, Théodore constatait que le prix à payer pour cela, c'était un cœur glacial, et impénétrable. Marc semblait refuser de ressentir la moindre émotion ; ou bien était-ce ses passions pour les sciences qui l'éloignaient de son humanité ? Théodore examinait le jeune homme grandir pour devenir un homme, et dresser un rempart infranchissable entre lui, et les autres. Malgré tout, Théodore fut ravi de ce qu'était devenu Marc. C’est avec un intérêt morbide que Marc se consacra une année entière à étudier les conséquences sur les Génos ; il venait les voir personnellement, un à un, et leur posait des questions. Pendant un moment, Théodore songea que son élève entraînait ces hommes, et ces femmes-là vers la folie. Soudainement, Marc avait pris un visage plus effrayant. Toutefois, il mit fin à ses travaux sur leurs comportements, en invoquant comme idée qu'il n'y portait plus le moindre intérêt.

Ce fut à vingt-trois ans que Marc devint un « Intellectuel » accompli. Et sous les conseils de Théodore, Marc Strondheim se fit précepteur, malgré sa misanthropie aiguë. Cependant, la noblesse l'apprécia vite ; ponctuel, rigoureux, à un point où il frôlait la psychorigidité, il s'habillait bien, et avec goût. Il incarnait la réussite de la racine de ses cheveux jusqu'aux ongles de ses pieds. Il arrivait par son flegme naturel à soumettre les enfants dissipés ; la sévérité de son regard noir impressionnait. Ce fut en terminant son cours à une petite fille de dix ans que Marc rencontra Lucrèce, la première de ses trois femmes.
Le jeune homme referma la porte, il contenait péniblement le soupir menaçant de s'échapper de ses lèvres, la garce ! Elle ne se rendait pas compte de la chance qu'elle avait de lui faire ainsi perdre son temps ? Mais elle n'écoutait pas, trop absorbé par le paysage apparaissant derrière la fenêtre. Il se retourna sur la maîtresse de maison, accompagnée de deux amies. La dame le salua en lui tendant la main, Marc comprima son irritation en se baissant pour y poser un doux baiser, alors qu'elle lui présentait les deux demoiselles :

« Voici Hélène, et Lucrèce, deux de mes précieuses amies.
— Enchanté.
— Je vous présente Marc Strondheim, il est le précepteur de Marguerite. »

Lorsque Marc regarda Lucrèce, un instant, son estomac se serra douloureusement. La jeune femme devant lui avait quelque chose de terrible ; elle lui donna un joli sourire, découvrant ses dents blanches comme des perles. Néanmoins, ce fut ni sa douceur et sa grâce qui frappèrent Marc, mais sa chevelure blonde tombant en cascade de boucles autour de son visage fin, ainsi que ses yeux bleus. Si elle avait été plus petite, et un peu moins mince, Marc aurait pu la confondre avec sa mère. Un instant, Marc fut ébranlé par ce qu'il voyait, cela apparut dans son regard.

« Monsieur Strondheim, quelque chose ne va pas ? »

La voix de la maîtresse de maison le rappela à la réalité, Marc approuva dans un rude signe du menton, puis sans un mot, il quitta les trois dames. On laissera à leur discrétion la manière dont ils se sont rapprochés, car il vaut mieux s'attarder sur le désarroi qu'avait suscité Lucrèce pour Marc. Sa ressemblance avec Milicia Lovewood était frappante, cela l'effrayait de trop pour qu'il puisse vivre avec elle une paisible histoire d'amour. Et de toute façon, il aurait fallu pour cela que le jeune homme en connaisse la signification. Ils s'installèrent ensemble au bout de trois mois, sous la décision de Lucrèce, et chez elle. Sa demeure n'était pas loin de l'Université de ces « illuminés d'artistes aussi primaires que des singes », et toute l'affection de Lucrèce pour le théâtre s'exhibait dans sa décoration. Malgré son aversion pour l'art, Marc avait un certain de sens de l'esthétisme, il se garda donc de dire à sa femme qu'il trouvait ces masques blancs, ces statues, ou encore ces tableaux de grandes tragédies ignobles pour ses pauvres iris.
Alors dès qu'elle lui accorda une pièce lui servant de bureau, Marc sauta sur l'occasion, et remplaça les tapisseries pour de grandes étagères ployant sous le poids de la Connaissance. La première chose que le jeune homme fit, lorsqu'il termina de s'installer, ce fut de fermer les rideaux, et de se plonger dans ses recherches. Ici, comme dans son petit appartement, Marc gardait les mêmes habitudes. Lucrèce lui proposait une à deux fois par semaine de venir au théâtre avec elle, Marc le lui refusait. À chaque fois, il prétextait qu'il rentrerait tard à cause d'un cours donné le soir, ou que ses recherches monopolisaient trop son attention pour qu'il se permette une entorse à ses règles de conduite.

« Marc... »

L'homme se tourna vers la jeune femme, il ne l'avait pas entendu entrer dans son bureau. Il cacha sous son livre le parchemin sur lequel il avait reproduit l'anatomie d'un de ses « précieux Solmarite », et il fit :

« Oui ?
— Demain, nous irons voir une pièce de théâtre ensemble. Elle s'intitule : “Les malheureux désastres de Zacharias Flash, le portrait d'un héros de son temps.”  
— Impossible, demain je vois Théodore pour...
— Je t'ai déjà acheté ta place, s'il-te-plaît mon chéri, fais-moi plaisir. »

Faible comme tous les hommes de son temps devant le « pour me faire plaisir, mon chéri » d'une femme, Marc accepta. Et il ne se pardonna jamais cette erreur. Il passa le moment le plus insipide de toute son existence, le regret amer d'avoir voulu faire plaisir à Lucrèce, Marc ne parvint pas à s'endormir devant la fadeur de cette pièce. Celle-ci possédait tout ce qui pouvait l'insupporter dans le théâtre : des personnages aux réactions invraisemblables, des faits historiques éloignés de la vérité, et un accompagnement musical de mauvais goût. La durée de la pièce fut égale à l'agonie d'un homme blessé au combat, et Marc refoula le désir violent — plusieurs fois — de se pendre à la balustrade du balcon, où ils se trouvaient. Il fut sans doute la seule personne parmi les spectateurs à préférer vomir ses organes plutôt que d'applaudir le manque de talent du dramaturge ; Lucrèce se leva promptement, ses mains fines se frappèrent l'une contre l'autre, pendant que des larmes émues coulaient le long de ses joues. L'homme jeta un regard affligé à sa femme, et il finit par lui demander, une migraine lui vrillant le crâne :

« Qu'est-ce que tu trouves de triste dans cela ?
— La fin est époustouflante, voyons ! Marius De l'Ombrage lui aussi amoureux de la Duchesse, mais sachant leur amour partagé entre elle et Zacharias Flash, décide de sacrifier sa vie pour sauver la leur. Et Flash qui déclare son amour devant le lac de Semini à la Duchesse, que d'émotion ! C'est là une vision ravissante et juste de l'amour : de la beauté, et de la douleur. Une déchirure aimable jusqu'au plus profond du cœur.
— Lucrèce... rassures-moi je t'en prie, sais-tu que la Duchesse Éléanor de van Lähre est morte en couche, mariée ? »

Ce fut à ces paroles que Lucrèce se rendit compte que la soif de connaissance de Marc l'avait rendu profondément fermé. Elle approuva, écœurée que son compagnon la prenne pour une demeurée. Elle était trop imaginative pour lui, et lui était trop terre-à-terre pour elle. Ils restèrent trois ans ensemble, trois ans où ils taisaient le manque d'affection au sein de leur couple, trois qu'avait passé Lucrèce à observer Marc avalé par ses travaux. Chaque soir, elle se rendait au bureau de l'homme pour le contempler, la mine grave baissée vers un livre, ne jamais lui accorder la passion qu'il portait pour la science.
Alors un beau jour, peu avant le Solstice d'Été, la jeune femme prit une décision qui détruisit à jamais leur couple. Elle profita que Marc se rend pour la journée à Exdodum, et à l'aide d'une servante, elle fit le ménage dans le bureau de son conjoint. Ce fut avec un certain amusement que Lucrèce ouvrit les rideaux, puis rangea les livres abandonnés ici et là dans les coins de la pièce. Sans trop comprendre les gribouillis de Marc, Lucrèce plaça dans les tiroirs de son secrétaire les parchemins, sans s'apercevoir qu'elle les mélangeait à des recherches traitant des Solmarites. Sa servante passa le balai, pendant que la jeune femme croyait retrouver un peu de son amour en s'occupant du bureau, où elle avait la sensation que Marc y passait toute sa vie. Elle plaça sur une petite table ronde un vase remplit de jonquilles qu'elle effleura du bout des doigts, puis elle alla se préparer pour le retour de Marc.

« C'est quoi ces bêtises ? »

Dès que la colère de Marc transparut dans sa voix, Lucrèce se pétrifia sur place. Le regard que portait sur elle l'homme possédait quelque chose de terrifiant, car elle comprenait doucement l'ampleur de son erreur. Elle avala sa salive, douloureusement, et elle tenta de s'expliquer :

« Je... j'ai voulu te faire plaisir, en rangeant un peu.
— Et qui t'a donné le droit de faire ça ? Ce sont mes affaires, moi seul ai le droit de les toucher ! »

Lucrèce ne sut quoi répondre, elle se contenta de rester muette. Dès que Marc ouvrit la porte de la demeure, elle accourra vers lui en criant :

« Désolée ! Je croyais que c'était une bonne chose ! Je... tu ne me regardes jamais... et...
— Arrête de te prendre pour le centre du monde. »

Lucrèce reçut les paroles de l'homme avec lassitude, c'était donc cela ? Pensa-t-elle. Sans plus rien dire, elle contempla la haute silhouette de Marc s'en aller vers Exodum, sans poser sur elle un regard désolé.
Et ce fut cela qui la plongea dans une fureur froide. Lucrèce ferma le poing, violemment, jusqu'à sentir ses ongles s'enfoncer dans sa peau.
Marc ne supportait pas que quelqu'un vienne bousculer ses habitudes, et son ordre. Tandis qu'il soignait un homme blessé, il se demanda si vivre avec une femme à l'apparence semblable à sa mère était une bonne chose. Il avait mis du temps pour se sentir chez lui, et elle, croyant qu'elle n'attirait pas assez son attention, elle avait tout balayé sous un caprice. Pour être en paix avec lui-même, Marc avait besoin que les choses aient leur place, mais Lucrèce n'acceptait pas cette idée. Dans sa vie, cette femme n'était qu'un fardeau qui l'irritait de plus en plus, elle était comme sa tante ; sans intelligence, susceptible, et incapable d'apprendre quoi que ce soit. Lentement, Marc enfonça l'aiguille dans la peau de son patient, sans écouter le cri de douleur de celui-ci. Jusqu'à ce que le blessé lui crache une poignée d'insulte, Marc recousait sans délicatesse la plaie, il finit par relever la tête vers lui. Durant quelques secondes, ses yeux allèrent de l'aiguille jusqu'à la bouche de l'homme, si seulement il pouvait faire taire les gêneurs en leur cousant la bouche !
Ce fut deux jours plus tard que Marc revint chez Lucrèce, la nuit était tombée depuis une heure, et elle portait avec elle un sentiment d'inquiétude. Marc sonna à la demeure de sa femme, le regard plus froid que jamais, même s'il fut étonné que la servante lui dise d'attendre dehors, le temps que Madame arrive. L'étonnement fut plus grand encore, lorsque Lucrèce vint à sa rencontre, deux énormes valises dans chacune de ses mains. Elle les laissa tomber aux pieds de Marc, l'expression dure, elle lui fit signe de la main de partir.

« Qu'est-ce qui te prend ? »

Lucrèce haussa les sourcils, puis elle croisa les bras sous sa poitrine. La tête légèrement relevée, elle lui offrit le mépris le plus radieux que pouvait donner une femme à un homme.

« Tu n'as plus ta place ici, Marc. Va-t-en ; je ne veux plus d'un homme incapable d'aimer sa compagne, tu préfères tes recherches à moi. Le reste de tes affaires sont à l'Auberge du Roi Malin.
— Tu ne peux pas comprendre, se défendit Marc.
— Sans doute. Mais Marc Strondheim, sache que tu es un homme ennuyeux. »

La phrase résonna tel un glas dans le cerveau de Marc, il entrouvrit la bouche. Les yeux écarquillés, l'homme vit sa mère à la place de Lucrèce, en train de faire son adieu cruel à son père. Cependant, Marc n'avait pas la faiblesse de celui-ci, alors il se contenta de lâcher : « bien », puis il prit les deux valises. Il s'en alla avec l'unique regret d'avoir perdu trois années de sa vie eux côtés de Lucrèce.
Théodore accueillit la nouvelle avec une certaine perplexité, même s'il était loin d'en être surpris. Ce qui le décourageait le plus, toutefois, c'était la façon dont Marc lui avait annoncé cela. Égal à lui-même, l'homme lui avait dit que Lucrèce ne lui correspondait pas, et qu'elle empêchait la finalité de ses travaux. Suite à cela, Marc se trouva un intérêt pour les Esclaves, et pas n'importe lesquels : les plus jeunes. Il passa une année complète en compagnie d'une adolescente de seize ans, dont les pieds n'étaient rien d'autre que les sabots d'une brebis. Il tenta de lui apprendre quelques notions philosophiques, mais à chaque fois qu'il l'interrogeait à ce sujet, elle lui lançait :

« Bêêêêh, que désire le maître ?
— Par la Barbe Immaculée, sais-tu quel est le but de ton existence ? »

Et elle ne comprenait rien, alors Marc finit par s'ennuyer, et l'oublia vite. Trois mois après, il se rendit à Dargon en compagnie de Théodore. Son mentor lui affirmait qu'il connaissait là-bas un homme, capable de lui révéler des choses intéressantes sur les Solmarites. De plus, une Comtesse avait besoin d'eux pour « reformater » son esclave désobéissant. La froideur de Dargon le dépaysa un peu, pourtant l'endroit lui plut. Les habitants étaient moins criards que les bourgeois d'Ishtar, ils avaient une mentalité qui lui correspondait mieux. De plus, la faune et la flore de Dargon étaient très différentes de ce qu'il avait pu observer à Frickwitch, le climat glacial menait la vie dure aux hommes, et il observa leur mode de vie, chercheur avant tout.
Quand il se rendit chez la dame se plaignant de son « esclave défectueux », Marc fut fasciné par les dégradations mentales de la créature. Celle-ci était un jeune homme de vingt-deux ans, à la chevelure rousse, aux dents longues et suffisamment tranchantes pour couper un morceau de bois d'une simple pression de mâchoire. Dans un premier temps, Marc testa son rapport à la douleur ; machinalement, sans émotion, il lui tordit brutalement le bras jusqu'à ce que celui-ci se retrouve dans un angle incongru. La maîtresse cria, horrifiée, mais elle fut stupéfaite de voir son mignon ne pas réagir, il se contenta de plisser les yeux. La dame fit un pas en sa direction, et quand l'Esclave s'aperçut de sa présence, il se mit à hurler jusqu'à s'en briser les cordes vocales. Théodore et Marc peinèrent à le ramener au calme, ils durent même le brutaliser en lui donnant une gifle, et en l'attachant. Par curiosité, Marc émit l'idée de l'abandonner dans une cave, simplement pour voir ce que « ça faisait ». Marc poussa le vice jusqu'à attacher la pauvre créature à un lit, et à lui bander les yeux ; il ordonna à ce qu'on lui apporte deux repas par jour, mais dans un ordre indéfini pour tromper sa pensée et ses sens.
Théodore lui fit rencontrer Sven, un homme âgé d'une quarantaine d'années qui prétendait détenir un savoir phénoménal sur les Solmarites. Malheureusement pour Marc, et à la déception de Théodore, Sven connaissait certes un bon nombre de chose sur eux, mais comparé à tout ce que Hans Strondheim avait pu regrouper depuis des décennies, ce n'était rien. Au moins, Marc put discuter plus aisément sur ce sujet ; ils le faisaient souvent en se baladant à cheval sur les terres de Dargon.

« Un système politique excluant le pouvoir par filiation, cela peut paraître étrange. Toutefois, je suppose qu'ils veulent privilégier le libre arbitre, et enrichir leur société. En cela, ils me rappellent un peu Lao, et ses idées.
— Amusant... votre jugement est amusant, Marc. Puisqu'il est impossible que Lao fut susceptible de les découvrir.
— Et leur technologie, d'après ce que l'on sait, ils auraient une sorte de réacteur qui puiserait l'Ombre directement à sa source. Je ne sais pas si cela soit réellement possible, mais admettons que l'univers soit composé d'Ombre, le plus insignifiant grain de poussière comme le plus grand des arbres, le corps des êtres vivants aussi...
— Quelle est ta théorie, Marc ? Tu crois...
— Je pense, Théodore, je pense qu'il est possible qu'ils nourrissent leur machine à partir de ce qui reste de leur morts. Un peu comme du compost. »

Et devant les théories plus ou moins bizarres de Marc, Sven ne tarda pas à désirer lui présenter sa fille. Elle s'appelait Élise, elle possédait une chevelure blonde et lisse tombant sur ses épaules. Elle avait peu de formes, mais une peau pâle souvent maculée par la brutalité du vent. D'une certaine manière, la profondeur d'Élise, ainsi que son intelligence, la rendait délicate et intéressante aux yeux de Marc. Comme pour Lucrèce, l'histoire d'amour démarra comme toutes les histoires d'amour, la différence tenait au fait que pour une fois, Marc trouvait du charme à cette relation. Élise ne méprisait pas le travail qu'il faisait, elle lui donnait même parfois son avis sur ce qu'il étudiait avec acharnement, mais elle savait aussi se taire. Comme l'intérêt que Marc avait porté pour l'Esclave roux, et son idée de l'enfermer dans le noir sans lui donner la chance d'avoir un seul point de repère ; Élise avait emprisonné dans son petit coffre à secret caché au plus profond de son cœur que cela l'avait effrayé, tant Marc avait fait preuve d'une étonnante cruauté. Elle l'avait accompagné d'ailleurs, lorsque Marc était revenu chez la maîtresse ; l'Esclave devant la lumière du jour qu'il n'avait pas vu depuis ce qui lui semblait être une centaine d'années ne fit aucune crise devant la dame, et il se contenta de plaquer ses mains contre ses yeux. En contemplant ce misérable spectacle, Élise avait tendu une main vers l'Esclave, mais Marc lui avait interdit de s'en approcher. On ne savait pas ce qu'il pouvait faire. Cependant, il s'avança sans peur et sans remord. Il fit :

« Qu'as-tu vu là-bas ?
Je sais plus. »

L'Esclave s'écroula devant lui, il se roula en boule, puis il sanglota.
Élise fut choquée par cet événement, mais elle tenta de l'oublier vite. Marc n'était pas le plus beau des hommes, mais il savait se montrer bon, et attentionné, à sa manière. Deux ans se déroulèrent, où Marc ne remarqua pas pendant ce temps les points communs que partageait Élise avec sa mère. Il pensait être débarrassé de ce vieux démon. Ces deux années passées à Dargon lui avaient fait du bien ; Marc sans se détacher de son masque impassible avait néanmoins montré un simulacre de sentiment. La gracile voix d'Élise lui apportait un certain apaisement, il aimait l'écouter, comme il appréciait à lui faire l'amour. Malheureusement pour Élise, Marc n'était vraiment pas fait pour ces choses-là ; il ne montrait aucune maladresse, au contraire : c'était tellement réfléchi qu'il ne la surprenait pas. Dans tous les cas, il croyait l'adorer, elle aussi. Cela aurait pu ressembler à un Conte de Fées, où le plus beau à ce tableau idyllique serait de voir s'accomplir le rêve de Marc, pour mieux terminer sur un : « ils vécurent jusqu'à la fin de leurs jours, et ils eurent beaucoup d'enfants. » Réellement, leur histoire aurait pu se terminer ainsi, si Marc n'avait pas été aussi obsédé par l'Esclave. Il lui rendait visite chaque jour, inscrivant sur un carnet ses comportements, et lui faisant passer des tests de plus en plus cruels. Peu à peu, le Marc pragmatique refit surface, et enfonça son poing dans la face du Marc amoureux. Celui-ci vola en éclat, et ne devint qu'un triste souvenir. Alors quand la maîtresse du pauvre Esclave décida que Marc ne devait plus l'étudier, celui-ci choisit de rentrer à Ishtar. Il n'avait pas demandé l'avis d'Élise, et celle-ci connut sa première désillusion avec cet homme : Marc ne savait pas partager quoique ce soit avec les autres ; il l'appréciait beaucoup, peut-être pouvait-on même nommer cela de l'amour, mais les Solmarites étaient plus importants. Marc reprit l'appartement qu'il avait occupé, à l'époque où il tentait d'épauler Théodore.
La vie d'Élise se limita finalement au ménage, et à la préparation du repas chaque soir. Parfois, quand elle croyait que Marc était rentré, elle s'empressait de lui faire un bon petit plat pour espérer obtenir en échange un sourire, un remerciement, n'importe quoi, mais elle se trompait. Lorsqu'elle ouvrait la porte du bureau de son homme, elle ne voyait qu'un énorme bordel, mais aucune trace de Strondheim. Elle se rendait compte que Marc passerait sans doute la nuit à Exodum pour étudier encore, et encore. Malheureuse, la jeune femme se glissait dans les draps de leur lit, puis elle s'endormait, amère, et aigrie. Par la suite, Élise retrouva plusieurs fois l'Intellectuel en train de dormir dans son bureau, la tête contre un livre, une main serrant faiblement sa plume. C'était avec un mélange de consternation et d'attendrissement qu'elle allait le couvrir d'une couverture épaisse, et chaude. Elle profitait de ces petits instants pour caresser les cheveux bruns de Marc, ce qu'elle avait peu l'occasion de faire. Elle partait ensuite, silencieusement, soucieuse de le réveiller tant le plancher grinçait sous son pas. Un an supplémentaire s'écoula, dans cette ville, Ishtar qu'Élise avait appris à connaître pour combler l'absence de Marc.

Un beau jour, tandis que l'hiver commençait tout doucement à pousser l'automne pour avoir une place, Élise entra subitement dans le bureau de Marc. Il avait fallu à l'homme une dizaine de secondes pour pardonner à sa femme cette intrusion, et remarquer la teinte rouge qu'avaient prise ses joues. Il ne se leva pas de sa chaise pour autant, mais il eut la « gentillesse » de lui faire face, et de l'interroger d'une voix dénuée d'inquiétude. Ou peut-être était-elle présente, juste impalpable. Le souffle court, le sourire au bord des lèvres, Élise fini par vaincre le tambourinement effréné de son cœur contre sa poitrine. Et elle avait déclaré, heureuse :

« Marc... je suis enceinte. »

À cette information incongrue, Marc avait manqué d'être un parfait goujat, en demandant à sa femme si l'enfant était bien de lui. Il contint à peine cette question, mais la remplaça par une expression qui ne lui ressemblait pas, car c'était suffisamment « fort » pour transformer son visage. Ses sourcils tout d'abord se haussèrent, plissant son front haut, et lui donnant un air imbécile. Sa bouche mince s'affaissa brusquement dans une grimace comique, tandis que la main qui tenait la plume se relâcha. La plume tomba sur le sol, elle roula sous la chaise, avant de rencontrer le pied, et de s'arrêter. Élise n'eut pas à réfléchir longtemps sur le fait que Marc n'était pas autant enchanté par la nouvelle qu'elle. Malgré tout, il s'efforça de dire :

« Ça... c'est une bonne chose. »

En employant un ton totalement vidé de conviction. Ce qu'Élise ne pouvait pas deviner, c'était que Marc avait été totalement déconcerté. Il ne montra rien d'autre, mis à part l'ahurissement, et il masqua avec son flegme mythique le fait qu'il était au fond terrorisé. Lui ? Père ? Lui qui était seulement captivé par les sciences ? Il devait les oublier pour un enfant qu'il n'avait pas désiré ? Depuis le suicide de son père, Marc avait appris consciencieusement à s'occuper de lui, et uniquement de lui-même. Pour une fois, il devait remettre en cause son quotidien égoïste. Marc ne dit rien à Élise sur la crainte qu'elle suscitait en lui, car il savait qu'il n'aurait jamais la force d'être père. Un enfant, c'était trop d'attention. Au moins, l'idée d'être père, et d'être obligé de porter de l'attention sur une petite chose fragile, le bouleversa assez pour le troubler dans ses travaux. Contrairement à son père, avant lui, Marc ne pouvait pas imaginer le « bonheur » de transmettre tout ce savoir à son fils, ou sa fille à venir. Théodore en l'apprenant à son tour, fut lui aussi un peu bousculé ; c'était un peu comme Marc, parce qu'il ne songeait pas que celui-ci pouvait avoir les épaules pour être père. Néanmoins, Marc n'apporta pas plus de soin à sa femme, il considérait que c'était à elle, et à elle seule de s'occuper de « ce problème ». Néanmoins, Marc put se détendre là-dessus.
Quatre mois après ce jour fatidique, où Marc sut qu'il devait se consacrer à autre chose que sur sa petite personne, un événement survint, brutalement, sans crier garde. Aujourd'hui encore, Marc en conserve une certaine amertume.

Ce matin-là aurait pu ressembler à tous les matins que le couple vivait, si Marc n'avait pas entendu un hurlement féroce. Son front se plissa, il posa la plume dans son encrier, et il se leva lentement pour se rendre dans le couloir. Il n'avait jamais entendu un tel hurlement, et sans reconnaître la voix de sa femme, l'homme pensa qu'on était en train de lui faire perdre son temps. Cependant, il commença à percevoir des sanglots dans le hall, où il finit par se rendre après avoir cherché Élise dans tout l'appartement. Ce fut en la trouvant en bas des escaliers que Marc se rappela qu'elle avait voulu aller faire quelques courses, mais un instant, il examina les larmes sur ses joues sans saisir ce qu'il lui faisait si mal. Farouche, la jeune femme tenait son ventre, comme pour se défendre d'un adversaire invisible. Elle murmurait : « j'ai mal, j'ai mal, j'ai mal », et Marc se précipita enfin vers elle. Il la prit délicatement contre lui, puis il l'aida à se relever après s'être assuré qu'elle n'était pas blessée. Élise garderait de sa chute dans les escaliers quelques ecchymoses ; ce fut ce Marc cru jusqu'au moment où elle hoqueta :

« Du sang... du sang coule entre mes jambes. »

Marc haussa les sourcils, puis il les fronça en aidant sa femme à remonter les escaliers. Il l'amena à leur chambre, sans montrer un signe d'anxiété. Élise lui montra alors une main blanche maculée de sang, elle peinait à respirer.

« Marc... je crois que j'ai mes règles.
— Non, ce n'est pas ça.
— Si... si ! Il n'y a aucune autre raison pour que je saigne, pas vrai ?
— Élise, cela montre que tu as perdu l'enfant que tu portais. »

Élise porta sur lui un regard choqué, sa lèvre trembla, tandis que les larmes s'arrêtèrent de couler. Elle se laissa tomber contre Marc, qui ne sut pas quoi faire. On ne lui avait jamais dit comment consoler quelqu'un, alors en réponse au chagrin de sa femme, il lui donna les soins nécessaires. Sans émotion, il finit par la quitter en terminant :

« Si tu as besoin de quoi que ce soit, je serais dans mon bureau. »

Il ne lui donna aucun coup d’œil, il se contenta de reprendre son travail, comme si rien ne s'était passé. Marc abandonna Élise, sourd aux sanglots de celle-ci. S'ils avaient pu partager peu de choses auparavant, cela devient pire par la suite. Élise était devenue vide, au plus profond d'elle-même, elle avait la sensation que quelque chose était mort. Elle jeta les peluches qu'elle avait achetées en secret pour l'enfant qui ne viendrait plus, elle refusait de se regarder dans le miroir pour ne pas voir la tristesse se peindre sur son beau visage. Elle sortait aussi de moins en moins, elle refusait de montrer à la face du monde qu'elle avait manqué de devenir mère, et qu'elle avait failli donner naissance au bébé de l'homme qu'elle aimait. Puis peu à peu, devant l'absence de peine de Marc, Élise se mit à le détester. Peut-être qu'en réalité, il était heureux d'échapper à cette responsabilité. Et deux mois après cela, elle rencontra un autre homme, un bel homme d'ailleurs. Celui-ci l'avait trouvé en train de pleurer, discrètement, alors qu'elle avait tenté de se changer les idées en se promenant au District de Tchï. Assise sur un banc, un mouchoir contre ses paupières, elle avait perçu une voix fière lui lancer :

« Pourquoi ma Dame gâcher par les larmes vos si jolis yeux bleus ? »

Et pendant un an, Élise avait résisté à cet homme, qui lui faisait la cour sans cesse. Marc ne s'aperçut de rien, évidemment. Puis, lasse de tout cela, Élise céda, et partit sans dire adieu au scientifique. Marc rentrant de son travail ne trouva qu'une lettre, déposée sur son secrétaire, et qui disait :
« Pardonne-moi, mais je ne peux plus supporter cela. Marc, tu m'as rendue malheureuse. Tu es un homme trop ennuyeux pour comprendre les sentiments des autres. »
Devant cela, Marc avait laissé s'échapper un simple : « ah », puis il avait repris ses habitudes. Il s'était assis, il avait ouvert un livre, et une main sous menton, il s'était remis à prendre des notes sur ses découvertes de la journée. Et au bout d'une heure, il avait relevé le menton pour lancer :

« Élise, j'ai faim, est-ce que... »

Puis, il s'était rappelé qu'elle n'était plus là.
Cinq mois plus tard, Marc retrouva Élise, au bras d'un autre homme. Il l'avait croisé dans une fête mondaine, à laquelle Théodore l'avait obligé d'aller. Il examina le visage de la jeune femme, indifférent, puis celui de son nouveau compagnon. C'était un scientifique, comme lui, mais il préférait aux sciences naturelles les machines. Il était toutefois plus beau que lui, plus distingué ; Marc songea que les cœurs des femmes étaient bien superficiels, les charmer était chose aisée. Élise n'osa pas croiser le regard sombre de Marc, celui-ci crut même lire de la peur, quand l'ingénieur les quitta pour les laisser discuter entre eux. Les mains crispées sur sa robe, Élise luttait contre ses nerfs fragiles, puis elle parvint à articuler pour se défendre du jugement imaginaire de Marc :

« Lui... il sait me rendre heureuse.
— Je vois.
— Pardon. »

Et le courage d'Élise s'ébranla devant la froideur coutumière de Marc, elle tenta vainement de lui sourire, puis elle lui tourna le dos. Marc soupira, il alla se chercher un verre de vin pour tempérer le sentiment brutal qui lui poignardait le cœur. Adossée contre un mur, une superbe blonde l'interpella en levant sa coupe :

« Il n'y a rien de plus douloureux de voir la femme qu'on aime avec un autre, n'est-ce pas ? »

Et voici que Marc rencontra Marie-Suzanne, la dernière des femmes qu'il connut. Sans doute celle qui fut la plus belle des trois, et qui avait une connaissance trop fine de sa beauté pour savoir en profiter. Elle possédait un charme hautain, de la conversation, et de l'affection pour l'âme des hommes. Elle avait une jolie bouche rouge comme le sang, un regard brun malicieux, une poitrine opulente, et une taille fine. C'était l'incarnation de la femme fatale de la racine de ses cheveux jusqu'au bout de ses ongles manucurés. Marc ne tomba pas fol amoureux d'elle ; il n'obéit pas aux pulsions qu'elle embrasait chez le sexe masculin, mais il fut amené à son lit. Peut-être par dépit d'avoir perdu définitivement Élise. Leur « amour » dura un an.
Marie-Suzanne avait trouvé en Marc le futur époux « idéal », un homme intelligent promis à une carrière brillante, assez élégant pour plaire à sa famille déplorant son inconstance. Toutefois, comme pour Lucrèce, comme pour Élise, Marie-Suzanne connut la désillusion auprès de Marc. La nuit, quand enfin il la rejoignait après avoir passé la soirée sur ses travaux, il se contentait de se coucher, sans la toucher. Marie-Suzanne considéra rapidement que les fois où Marc lui faisait l'amour, c'était un miracle qu'elle pouvait bénir. Néanmoins, son partenaire avait une approche trop scientifique de cette partie de leur intimité, c'en était désespérant. Elle avait plus la sensation d'être un cobaye qu'une femme au corps éblouissant. Elle s'efforçait à éveiller la libido de Marc par ses tenues, sa peau douce, ou encore par ses caresses audacieuses, mais elle n'obtenait rien. Et donc au bout de six mois, elle se lassa, et elle prit amant.
Le premier fut leur voisin du dessous, Grégoire, un homme plus jeune que Marc, il finit par la décevoir, et elle le quitta au bout de deux semaines de liaisons. Évidemment, comme tout bon cocu qui se respecte, Marc ne remarqua rien. Il nota juste quelques fois qu'en rentrant chez lui, sa femme se présentait la mine défaite, et les joues roses. Peut-être se voila-t-il la face, en prétextant qu'elle faisait de temps en temps des exercices physiques — et c'était le cas, mais dans les bras d'un autre —, et que cela ne pouvait pas être une mauvaise chose. Marie-Suzanne était une envoûteuse d'exception, elle n'eut aucun mal à se trouver une merveilleuse liste d'amants qu'elle renouvelait une à deux fois par mois, de même qu'elle n'était soumise à aucun scrupule. Marc n'était pas un bon partenaire, il s'inquiétait plus pour ses recherches que sur les orgasmes qu'il ne lui donnait jamais. Et évidemment, il fallut bien un jour, où pour répondre à la tradition des femmes adultérines, Marc découvrit que la moitié de la ville avait dû passer sur elle.

La façon dont Marc le découvrit était assez classique ; un soir où il rentrait chez lui, plus tôt que prévu, il perçut des gémissements lascifs résonner à travers les murs de sa chambre. Il ne tarda pas à reconnaître la voix de sa femme couiner :

« Oh oui... ouiiii ! Continus. Comme ça ! Hum... ah ! »

Et en fronçant les sourcils, l'homme s'était rendu jusqu'à la pièce. Il avait entrouvert la porte sur Marie-Suzanne, complètement nue et allongée sur le sol près du lit, les jambes bien écartées vers un beau jeune homme. Ce dernier était penché vers elle, encore vêtu de sa chemise ; il la pénétrait lentement, tout en lui tenant le bassin fermement. La première image qui heurta l'esprit de Marc, ce ne fut pas tant le fait qu'il surprenait sa femme en train de jouir grâce au sexe d'un autre homme, mais seulement deux primates en train de s'accoupler. Aucune expression ne vient ternir la froideur de Marc, de même qu'il ne se fit pas remarquer tout de suite. Marie-Suzanne lâcha un petit cri étouffé, pendant que son amant était en train de grogner de plaisir, en éjaculant dans la jeune femme. Il mit d'ailleurs quelques secondes à comprendre pourquoi sa maîtresse le repoussa violemment, avant de couvrir son corps, honteuse. Et Marc devant leur panique se contenta d'émettre :

« Je serais dans mon bureau. »

Le plus naturellement du monde, comme s'il s'adressait à sa femme, après l'avoir vu étendre le linge. Choquée par son zèle, Marie-Suzanne alla ouvrir la bouche, quand Marc sourit. C'était la première fois que Marc souriait, et ce sourire était celui d'un homme chaleureux, poli.

« Ah... chérie, est-ce que ton amant dînera avec nous ce soir ? »

Ainsi, Marc se retrouva à prendre son repas du soir en compagnie de sa femme, et de l'amant de celle-ci. Marie-Suzanne était rouge d'embarras, elle ne toucha pas à la cuisine que Marc avait préparée pour eux deux. Elle se contenta de fixer son assiette, les pupilles dilatées, prête à s'attendre à un blâme de la part de son compagnon « officiel ». Cependant, Marc offrit gracieusement un verre de vin blanc à l'amant de sa femme, le visage transfiguré par ce sourire affreusement amical, et qui ne lui ressemblait pas. L'amant, aussi gêné que Marie-Suzanne, accepta malgré lui sans trouver sa place exacte dans ce Vaudeville. Puis, alors que Marc entamait le dessert, il demanda à son rival sur un ton convivial :

« Au fait, mon jeune ami, savez-vous que ma femme en plus d'être une nymphomane est atteinte de la syphilis ?
— La quoi ?
— La vérole. »

La surprise du jeune homme laissa place à la terreur, il se leva brusquement, et il cracha à Marie-Suzanne qu'elle n'était qu'une « salope ». Indignée, la jeune femme ne sut quoi répondre, mis à part que Marc mentait, et qu'elle avait toujours prêté attention à son hygiène. Mais loin de l'écouter, il s'en alla en claquant la porte. Marc contempla le déroulement de cette petite scène, amusé, toujours souriant, et en songeant que c'était bien mieux que le théâtre. Il avala une gorgée de vin blanc, il savoura le liquide couler dans sa gorge, puis il essuya le coin de ses lèvres. Marie-Suzanne s'était rué sur son amant pour essayer de le persuader de la vérité, alors Marc se leva quand sa femme lui revint, écarlate. Elle offrit à Marc un regard plein de haine et de colère, elle fit un pas menaçant vers lui. Marc Strondheim reçut une claque humiliante, et un flot de paroles hystériques. Pour la seconde fois de sa vie, il se mit en colère. Son regard sombre fut percé par une flamme furieuse, il quitta l'appartement sans un mot de plus. Marie-Suzanne le trompait, et elle avait l'arrogance de le gifler ? Élise avait eu la dignité de s'en aller avant de se donner à un autre. Marie-Suzanne n'était rien d'autre qu'une pute de luxe, et Marc décida de le lui faire payer.
Il s'était trouvé que depuis une semaine, un adolescent de dix-sept ans répondant au doux de Clément, lui rendait visite à Exodum. Le pauvre garçon était malade de la vérole, ce qui tombait plutôt bien, mais ce qui tombait encore mieux, c'était qu'il ne pouvait pas payer les soins. En sortant, Marc avait effleuré la marque laissée par la main de Marie-Suzanne sur sa joue, puis il choisit malgré l'heure de rendre visite à Clément. Celui-ci le reconnut aussitôt, quand il vint lui ouvrir la porte de son taudis, il accueillit le médecin avec entrain. Il ne put que lui proposer de l'eau, ce que Marc refusa avec ce même sourire poli. Clément refusait de répondre à toute question concernant comment il avait attrapé la maladie, Marc pouvait simplement supposer que le garçon avait traîné dans de sales histoires. Toutefois, il était prêt à lui donner sa chance, si Clément était prêt à la saisir. Marc reconnut d'ailleurs que le jeune homme avait son charme ; sa chevelure blonde et pâle tombant jusqu'à ses fines épaules lui donnait des allures angéliques, il était mignon, et plairait facilement à Marie-Suzanne. Après avoir échangé des banalités avec lui, Marc lui proposa :

« Vous avez vraiment besoin d'un traitement, mon ami.
— Je sais... à votre avis, pourquoi je viens vous voir tous les jours dans l'espoir d'être soigné ?
— Mais vous n'avez pas d'argent.
— Je sais.
— Néanmoins... commença Marc en posant une main affable sur le bras de l'adolescent, je pourrais tenter de vous guérir.
— Hein ? »

Clément ne semblait pas croire ce que ses oreilles avaient perçu. Depuis quelque temps, il avait abandonné l'idée de pouvoir retrouver une vie normale, et c'était alors que cet homme lui rendait visite pour lui accorder son aide ! Clément sourit, son cœur battait vite dans sa poitrine. Les mains posées sur ses genoux, il avait attendu le reste. Marc ajouta :

« Toutefois, je mettrai une condition à cela.
— Laquelle ? Je ferais n'importe quoi !
— Je n'en doute pas. »

De sa voix grave et calme, il donna vie à l'idée obsédant son esprit :

« Je connais une femme magnifique, et je voudrai que vous la séduisiez jusqu'à coucher avec elle. Ne vous en faites pas, vous êtes joli garçon, et elle ne vous résistera pas.
— Quoi ? »

Clément le fixa avec intensité, les yeux grands ouverts ; il trembla. Peu à peu, il commença à comprendre ce que Marc désirait de lui, outré, il gronda :

« Vous êtes monstrueux ! Vous voulez que cette femme attrape la vérole ? Vous êtes horrible ! Je... »

Cependant, Marc planta ses yeux noirs dans ceux du jeune homme, son sourire mauvais aux lèvres, il renchérit :

« Mais vous avez besoin de soin. Je ne veux que vous aider. »

C'était certain que Marc lui mentait, pourtant Clément hésita. Il se mordit nerveusement la lèvre, des larmes menaçaient de l'envahir, il serra de toutes ses forces la main posée sur son bras. Marc ne la retira pas, il se contenta d'attendre que son interlocuteur faiblisse. Dans les traits figés d'effroi de Clément, Marc pouvait lire les tourments en train de l'accabler, et dont il était le maître. Finalement, le jeune homme baissa la tête vers le sol, la gorge sèche.

« Et qui est-elle ?
— C'est ma femme. »

Clément ouvrit, et ferma le poing plusieurs fois. Ce que Marc lui proposait était affreux. Pourtant, Clément fit d'une voix tremblotante :

« C'est d'accord, je ferais tout ce que je vous me direz.
— Bien... bien mon garçon, répondit lentement Marc, il s'apprêta à quitter le taudis, et il termina : elle aime beaucoup le quartier de Tchï, je vous donnerai bientôt toutes les marches à suivre. Ah... et si vous pouviez vous débrouiller pour qu'un jour quelques personnes vous surprennent, ce serait aimable de votre part, mon garçon. »

Comme Marc l'avait prédit, Marie-Suzanne ne résista pas longtemps à ce garçon prévenant, et gentil qui l'avait bousculé un après-midi, pendant qu'elle se promenait dans le District de Tchï. Elle lui donna vite ses faveurs, et se vanta auprès de Marc qu'elle avait trouvé un mignon garçon, plus jeune que lui de dix ans, en espérant attirer son attention. Marc contenait bien sa joie face à cela, et il se contentait de hocher la tête sans émettre son avis là-dessus. Homme de parole, Marc rendit visite tous les deux jours à Clément pour tenter de contrer l'avancée de sa maladie, il se rendit compte rapidement qu'il n'y avait pas trop d'espoir de survie. Toutefois, il lui affirma le contraire, et prétendit qu'il serait rapidement guéri.
Un mois après la mise en place de sa vengeance, Marie-Suzanne vint dans son bureau, elle lui indiqua que depuis quelques jours, elle commençait à avoir des démangeaisons dans la partie la plus intime de son anatomie. Médecin avant tout, Marc lui demanda d'enlever sa robe, et ses bas. Il l'ausculta sans dégoût, comme si la jeune femme n'était rien d'autre qu'une inconnue. Avec un gant, il toucha de l'index les lésions sur les petites lèvres du vagin de sa femme, et lui mentit en disant que ce n'était que des petites mycoses anodines. Marie-Suzanne parut rassurée, et ne chercha pas plus loin. Au fond de lui-même, Marc jubilait.
Deux mois et demi après, Marie-Suzanne hurla de désespoir en voyant son beau visage infesté de boutons, ce fut à ce moment-ci que Marc déclara officiellement la maladie. Une semaine plus tard, Clément mourut devant la statue de Karl Ulsperger, dans le District de la Place des Trois. Marie-Suzanne s'enferma dans sa chambre, en refusant qu'on lui rende visite ; ce fut au moment où des amies tentèrent de la voir que Marc leur exposa la situation : Marie-Suzanne avait attrapé la vérole, mais ce n'était pas lui qui le lui avait transmis. Bientôt, la véritable face de Marie-Suzanne s'exhiba aux yeux de son entourage, dont beaucoup lui crachèrent son mépris par le biais de lettre. Lentement, sûrement, Marc détruisit la vie de sa femme. Et il prenait même plaisir à lui porter de temps en temps les billets que lui envoyaient ses anciens amants, inquiets eux aussi concernant la maladie.

« Pourquoi restes-tu si calme ? »

C'était ce que Marie-Suzanne lui hurlait, dès qu'elle apercevait la froide silhouette de Marc. Il lui répondait alors :

« Parce que je ne t'aime pas. »

Et comme la tradition, un jour Marc rentra chez lui. Il ne trouva pas sa femme dans la chambre, il ne s'inquiéta pas plus que cela. Finalement, il se rendit à son bureau sans déroger à ses habitudes. Cette fois-ci, il ne haussa pas les sourcils, il ne fut même pas chagriné, lorsqu'il retrouva le corps de sa femme pendu devant son secrétaire. Lentement, il referma la porte, il sortit de son appartement, et descendit d'un étage. Il frappa à la porte de gauche, il patienta deux minutes, et froid, il déclara à l'homme qui vint lui ouvrir :

« Grégoire, puis-je profiter un peu de vous ? Ma femme s'est pendue, et j'aurais besoin de votre aide pour décrocher le cadavre. »

Et voici que Marc Strondheim ne tarda pas à se faire connaître des rumeurs ; on disait de lui qu'il rendait malheureuses toutes les femmes qu'il aimait, et qu'elles le lui rendaient bien. Évidemment, égal à lui-même, Marc n'y porta aucune attention, il reprit ses recherches sans tenir important le suicide de Marie-Suzanne. Il ne déménagea pas, il garda cet appartement chargé de souvenirs, qui avait vu passer deux jolies femmes, dont l'une qui s'était suicidée dans son propre bureau. Plus croyant que lui, Théodore le conseilla de partir, affirmant que cela lui porterait un jour ou l'autre préjudice, Marc s'en moquait. Son bureau avait repris son ordre, les bocaux envahissaient de plus en plus les étagères, pendant que des piles de livres émergeaient des quatre coins, il régnait désormais dans l'air le morbide. Mais un morbide raisonné, ne laissant aucune place à la folie, possédant une logique implacable. Marc menait une vie rangée, coupée entre les enseignements qu'il donnait aux jeunes nobles, et entre les soins qu'il apportait parfois aux criminels sévissant dans la ville. Personne ne sut qu'il était l'origine du désespoir de Marie-Suzanne, qu'il avait été soulagé de la fausse-couche d'Élise, et que sa rupture avec Lucrèce lui avait apporté de la joie.
Toutefois, Marc était sur le point de répéter sa tradition, celle de dessécher le cœur des femmes, lorsqu'il accepta dans son bureau la visite d'une belle adolescente. Comme la tradition, elle était blonde, et respectait les doux traits qu'avait eus sa mère. Marc avait été simplement satisfait, devant la curiosité de son élève ; elle voulait comprendre le monde, aller au-delà de ses enseignements, et elle avait fini par avoir l'audace de lui demander de voir ses recherches. Ensemble, ils discutèrent un moment sur les événements que connaissait Ishtar, notamment sur le fait qu'on retrouvait des cadavres un peu partout : c'étaient ceux de Génos, morts dans d'atroces souffrances. Marc avança l'idée que ce devait être un groupuscule de malades mentaux qui devait en être l'origine, encore des débiles contre le progrès. Ce qui le forçait à ranger ces personnes dans le camp de ses adversaires.

« Je suis désolée pour votre femme, Marie-Suzanne. »

Le sujet était venu comme ça, sans réel but ; Marc en fut décontenancé, mais il se contenta d'acquiescer en hochant la tête. La demoiselle face à lui essayait de s'attirer ses faveurs, et elle avait cru bon que de jouer les compatissantes soit une bonne chose, Marc néanmoins se contenta de balancer :

« Vous savez, c'est dans ce bureau qu'elle s'est pendue. »

Ce qui refroidit aussitôt la demoiselle, mais elle se jura qu'un jour ou l'autre, elle prendrait le cœur de cet homme. Qu'importe les moyens, elle y mettrait toute son âme.
Marc, quant à lui, restait obsédé par la concrétisation du rêve de son père, celui qui durant toutes ces années était devenu le sien : poser son pied d'Impérial sur la terre vierge des Solmarites, les étudier, les comprendre, et peut-être même les ouvrir pour voir si leurs organes étaient semblables aux siens.

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Marc Strondheim

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MessageSujet: Re: Marc Strondheim - L'histoire insipide d'un homme ennuyeux.    Marc Strondheim - L'histoire insipide d'un homme ennuyeux.  EmptyVen 21 Déc - 21:39

Petit Up pour dire que la fiche est finie. Désolée pour sa longueur, c'est pour ça que comme Raph', j'ai décidé de faire un résumer :
Spoiler:


PS : désolée pour les déformation, mais je dois y aller, Exam' >>
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MessageSujet: Re: Marc Strondheim - L'histoire insipide d'un homme ennuyeux.    Marc Strondheim - L'histoire insipide d'un homme ennuyeux.  EmptySam 22 Déc - 1:01

Whaaa... Bon sang, y avait pas moyen de faire plus long ? XD

Enfin bref... C'est bien parce que c'est Toi. (è___é) J'veux plus voir ça après. Y a des règles quand même...


Bref : C'est bon... Ezh a corrigé les balises qui étaient parties en sucette ^^ Il manque le Groupe (qui a disparu quelque part...) mais je suppose qu'il s'agit d'intellectuels de toute façon.

Je note l'intéressante théorie sur les réacteurs solmarites Smile Les cadavres pour alimenter tout ça... Très intéressant.

En tout cas, on te valide !

Bon jeu... J'vais pas faire les présentations, Tu es chez Toi ^^
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MessageSujet: Re: Marc Strondheim - L'histoire insipide d'un homme ennuyeux.    Marc Strondheim - L'histoire insipide d'un homme ennuyeux.  EmptySam 22 Déc - 1:06

Merci, et oui pour l'histoire, désolée, je me suis lâchée ^^'
Cool pour les balises, je n'ai pas eu le temps de m'en charger. Et promis pour la prochaine fois, je ferais moins long ><
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