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| | Je ne connais pas la timidité: les herbes ne le permettent pas ~ Al | |
| Auteur | Message |
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Salomé Gray
Intellectuelle
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| Sujet: Je ne connais pas la timidité: les herbes ne le permettent pas ~ Al Lun 12 Nov - 8:47 | |
| Le métal grésille, une petite fumée s’élève, de la mousse bouillonnante se forme... C'est ma toute nouvelle expérience, une commande venant tout droit des magisters ! Ils pensaient peut-être m'ennuyer avec ces expérimentations contemplatives. Faux. Manipuler des substances hautement toxiques dangereuses et corrosives me plonge dans un état proche de l'extase. J'ai entre les mains quelques produits difficiles à trouver dans la Cité impériale. C'est un honneur de pouvoir en asperger des morceaux d'acier et d'observer la carbonisation quasi-instantanée de cette matière pourtant réputée pour sa solidité. La nature et la science me fascinent. Un simple liquide, une simple mixture mélangée à un quelconque autre composant et hop, une explosion, une réaction. Je dois sûrement avoir l'air d'une petite princesse qui s'est assise sur les genoux de l'Empereur. Je note scrupuleusement le résultat de l'expérience sur du parchemin de qualité. Le rouleau faisait partie des fournitures que l'on m'a données pour pratiquer les tests. Quelques personnes sont encore à la vieille mode. Elles n'ont pas tort, le papier de nos usines est loin d'être parfait. Il est beaucoup moins beau et agréable au toucher qu'un parchemin de bonne qualité. Il se dégrade plus vite. Mes notes de l'année précédente commencent déjà à prendre cette teinte jaunâtre caractéristique... Je replonge le nez dans mon hobby du moment. J'ai délaissé mes herbes et potions pour une période indéterminée, ces expériences anodines m'absorbent et occupent le plus clair de mon temps. Il s'agit de tester la réaction de métaux purs en contact avec un panel de substances bien défini puis de faire la même chose avec des alliages de métaux. Les possibilités sont innombrables. Je n'en suis qu'au début de mes recherches le tableau se remplit doucement mais sûrement. Je coche d'un air joyeux la case "destruction" face à la ligne de l'acier puis je note les détails dans l'espace prévu à cet effet. Je m'approche un peu plus de l'objet de mon expérience en fronçant les narines : la réaction chimique a une odeur très désagréable. Acre, piquante et... Irritante. Je relève précipitamment la tête mais c'est trop tard. Le gaz dégagé par la réaction a déjà atteint mes globes oculaires, je les sens picoter. La paire de lunettes protectrices me nargue depuis le caisson de fournitures prêtées par les magisters. J'observe l'objet avec humeur, les yeux humides. Je suis partagée : faut-il opter pour la protection ou la surprise totale de l'expérience avec le danger que cela comporte ? Il est temps de faire une pause et de passer à la phase deux de l'expérience. Je sors de mon bureau en laissant l'acier se faire ronger par l'acide. J'ai rangé les fioles dans un placard sécurisé et j'ai emporté mon carnet avec la feuille de parchemin. J'ai eu pour instructions de solliciter le magister van Koriolis pour le réapprovisionnement en métaux de toute sorte. Cet homme serait un expert. Et magister de surcroît. Mais je ne pense jamais en avoir entendu parler. Ou peut-être vaguement au détour d'une conversation. Néanmoins je n'ai pas jugé utile de retenir son nom... J'entre dans son atelier à petits pas polis, mon carnet à la main. Je ne veux pas déranger. « Hello.. ? Excusez-moi ? »Je ne vois personne. On m'a pourtant assuré qu'il était ici. Je ne dois pas fouiller dans les coins et sous les machines. « Je ne pense pas m'être trompée d'endroit ! Je cherche Al van Koriolis ! Il me faudrait un métal capable de résister à toute sorte d'attaque chimique! » Ma voix résonne dans le hangar. J'ajoute une dernière chose d'une voix moins forte, plus pour moi-même que pour mon potentiel interlocuteur. « Peut-être qu'un tel métal n'existe pas... » |
| | | Al van Koriolis
Magister Architectura Templi
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| Sujet: Re: Je ne connais pas la timidité: les herbes ne le permettent pas ~ Al Lun 12 Nov - 9:38 | |
| Cela faisait plus de quarante-huit heures que le Magister Al van Koriolis était de retour de sa visite auprès de la Duchesse-Commandante de la Garde Impériale. Elle fut aimable et généreuse avec lui, chose rare pour cet homme n'ayant que peu de connaissances humaines. Depuis qu'il eut monnayé sa lettre de change, il travaillait. Le sommeil était une perte de temps évidente, malgré ce qu'Abel ou Raphaël pouvaient dire. Suspendu à son baudrier, il ajustait les mécanismes et câblages de l'immense machine qui occupait une large partie de l'atelier.
Plus petit que celui de beaucoup de ses confrères, le hall pouvait néanmoins accueillir un futur engin volant de quinze mètres de long et haut de presque sept. Les ailes et multiples autres parties manquaient toujours, faute de matériaux et de projets exacts pour certaines sections. A quatre mètres du sol, le petit homme roux usait principalement de ses doigts pour modifier certains détails. Il passait de longues minutes à observer ce qu'il avait fait et méditait ce qui devait encore être fait. L'hésitation allait rester, au moins le temps qu'on lui livre son alliage pour les retors. Il ne remarqua pas qu'on était entré chez lui, jusqu'à ce que la demoiselle ne parle. Lentement, les yeux bleus se tournèrent vers l'entrée. Ce n'était certainement pas une autre Magister, Al les connaissait tous. Son visage lui était vaguement familier, elle devait être de l'Université.
L'ingénieur soupira, alors qu'on venait briser sa bulle de calme et de réflexion. Il descendit, mettant les chaînes et poulies en mouvement et détacha le baudrier, dont les sections métalliques se brisèrent pour laisser tomber l'ensemble à terre.
- Bonjour, mademoiselle.
Al espéra sincèrement que ce soit bien le jour, dehors. Il avait perdu le compte et l'énorme horloge de son atelier, une merveille d'engrenages et de ressorts, était dans son dos. Cheveux en bataille, chemise froissée, le Magister ajusta ses lunettes et alla, voûté, vers l'intruse pour voir en quoi pouvait-il bien être utile, alors que l'on ne lui avait annoncé aucun rendez-vous, cours ni projet particulier. La gentille demoiselle de l'accueil d'Architectura Templi avait l'habitude de le prévenir, via le vox. Pas aujourd'hui.
La question posée, bien que pertinente d'un point de vue scientifique et, sans doute, militaire, n'était pas tout à fait de son ressort à lui. Ses compétences en matière d'Alchimie étaient nulles, bien sûr. Al garda une certaine distance entre lui et Salomé. Tout ce qu'il savait c'est que ses exosquelettes résistaient assez que personne n'eut à s'en plaindre jusqu'à présent. Sans doute qu'une exposition prolongée aux produits les plus toxiques n'était qu'un cas de figure qui pouvait être relégué au rang de "négligeable" selon toutes les probabilités. Néanmoins, puisqu'on venait le solliciter, il allait dire ce qu'il savait.
- Le verre est une matière qui offre la meilleure résistance aux facteurs chimiques. Il est pratiquement inaltérable. Si un métal devait résister à une exposition prolongée aux divers acides dont j'ai connaissance, j'opterait pour un alliage contenant du titane. Il est cependant difficile à obtenir et très coûteux. Cela est dû au fait que les minerais de rutile sont pénibles à extraire et on en a pas trouvé ailleurs que dans le nord-ouest de Gells.
Voilà toute l'aide théorique qu'Al van Koriolis pouvait apporter dans l'affaire. A peu de choses près toute. Pour être vraiment utile, il fallait la donnée la plus importante dans cette question. Celle-ci, fut bien entendu omise par la jeune femme qui devait être une étudiante trop enthousiaste ou autre travailleuse du genre.
- Dans quel domaine ce genre de métal serait-il nécessaire ? |
| | | Salomé Gray
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| Sujet: Re: Je ne connais pas la timidité: les herbes ne le permettent pas ~ Al Mar 13 Nov - 8:14 | |
| J'observe le magister d'un air médusé. Je n'ai aucune idée de la nature du domaine pour lequel j'effectue ces expériences. Et cela m'est égal.
Si je présente les faits sous cet angle le magister van Koriolis aura tôt fait de mal interpréter mes paroles. Je ne veux pas perdre le bénéfice de ces recherches. J'espère également ne pas en faire trop : je veille toujours à ce que les magisters conservent une certaine réserve vis-à-vis de mes travaux. La montée en grade est pour moi synonyme de catastrophe.
Quelque chose m'échappe. Je croyais que les magisters se réunissaient pour prendre une décision. Al van Koriolis ne semble pas connaître le fin mot de ma mission. Al van Koriolis est un magister.
Il me manque une donnée pour comprendre la situation.
« Je ne sais pas quelles sont les finalités de cette expérience monsieur. »
Cela pourrait être l'armée comme l'industrie. J'ai l'impression de m'être fait avoir. Je suis peut-être prise entre les feux d'une querelle entre les magisters du Temple et ceux de l'Exodum. C'est au premier qui trouvera le métal le plus résistant ou la substance la plus agressive.
J'imagine une bataille secrète entre les étudiants des deux universités. J'ai tout à coup envie de décrocher le poste de magister, misère si l'on est plus tranquilles dans nos petits bureaux !
« J'ai tout de suite pensé au verre, j'aurais aimé travailler en collaboration avec certains artistes, la décomposition de la matière en intéresse certains... Mais regardez ! » Je brise brusquement la distance qui me sépare du magister et lui fourre le parchemin dans la main. « Le cahier des charges stipule que l'expérience doit seulement s'effectuer sur différents échantillons de métal. »
Ma voix résonne dans le hangar. C'est la première fois que je pénètre dans l'atelier d'un magister. C'est bien plus grand que mon bureau il ne faut pas faire huit années d'études à l'Architectura Templi pour le constater. Je n'ai pas besoin d'autant de place pour travailler ; en particulier pendant mes phases de tests de végétaux hallucinogènes. Dans ces moments là je serais capable de me perdre dans mon propre atelier s'il était aussi grand que celui d'Al van Koriolis. Ces grands amas de métal ont l'air dangereux.
J'aime l'apparence naïveté d'un pot de terre rempli d'une substance dangereuse. On se méfie moins d'un petit pot de terre insignifiant que d'une énorme machine de plusieurs tonnes. Je soupire.
« J'aurais vraiment aimé tester le verre d'autant plus qu'il en existe de toute sorte. Mais pour le moment je dois m'en tenir aux consignes. Je prolongerais peut-être l'expérience pour ma curiosité personnelle. L'alliage au titane est tout ce que vous avez à me conseiller ? J'ai la sensation de devoir relever une sorte de défi... »
Cette perspective m'enchantait mais cela ne se manifestait pas sur les traits de mon visage, toujours trop figés sur un masque de politesse sérieuse et absorbée.
Al van Koriolis se montrait très coopératif mais j'avais le sentiment de m'adresser à la mauvaise personne. Je ne savais dire exactement pourquoi.
Néanmoins j'étais là et j'avais encore quelques problèmes à résoudre. Je m'approchais tout près du magister pour pointer plusieurs lignes sur le parchemin et demander d'une voix absorbée :
« J'ai consulté les ouvrages disponibles à la bibliothèque sur le sujet. Pour ces minerais là les pages ne sont pas à jour malheureusement. On m'a dit que les filons de Dargon étaient épuisés. Y-a-t-il une autre manière de se procurer ces métaux là en particulier ? » |
| | | Al van Koriolis
Magister Architectura Templi
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| Sujet: Re: Je ne connais pas la timidité: les herbes ne le permettent pas ~ Al Mar 13 Nov - 10:28 | |
| Pas de but à une expérience ? Le Collège aurait commandé une recherche sans en préciser le but ? D'ailleurs, en effet, Al n'avait aucun souvenir d'avoir participé à une décision. Sans doute il s'agissait d'une commande moins officielle. N'y voyant pas d'importance capitale pour l'Université, il supposa que certains de ses collègues avaient besoin de ces informations. Et, ayant travaillé pour l'Armée impériale, il était sans doute une personne de contact intéressante. Néanmoins, il aurait pu être prévenu. Vraiment, ce n'était pas très réglementaire de l'engager dans une recherche dont il n'avait aucun besoin. Il soupira à la réponse de la jeune étudiante.
Il fronça les sourcils et recula, alors qu'elle s'approchait. Ses yeux se focalisèrent sur le parchemin, permettant au Magister d'éviter la gêne sociale, due à la proximité entre elle et lui. Il tenta presque de se cacher derrière le texte qui lui disait exactement la même chose que la demoiselle.
- La résistance du verre ne fait plus aucun doute. Les substances mises à votre disposition sont bien stockées à l'intérieur d'un récipient, n'est-ce pas ?
Logique imparable. Ensuite... Le fait que les registres de la Bibliothèque ne soient pas à jour était évident. Pour des raisons pratiques, dans la réalité, il était difficile d'obtenir les inventaires des Maisons Marchandes en termes d'exploitation des mines. L'Université avait peu de droits pour exiger ce genre d'informations. Il y avait toujours un écart entre les écrits et les registres en papier, voire même ceux qui étaient stockés sur les ordinateurs. Al hocha la tête, signifiant qu'il avait compris.
- C'est la seule idée que j'ai en ce moment... Mademoiselle... ?
Un silence gêné suivit. Bien que conscient de son rang, supérieur à celui de la jeune femme, Al était mal à l'aise. On lui demandait d'interagir avec une inconnue, sans préparation. De plus, l'inconnue en question était là, à se rapprocher de lui, au fur et à mesure qu'il reculait de son côté. Il lança un regard presque suppliant par-dessus le parchemin, dans l'espoir de lire le nom de son interlocutrice sur le front de celle-ci. A défaut de miracle de ce genre, il garda le silence, gêné, pendant un petit moment.
Puis, il pensa qu'il pouvait bien avoir ce qu'il lui fallait. Il fouilla sa mémoire, avant de s'éloigner en direction des multiples étagères, aussi hautes que la salle elle-même pour la plupart, à la recherche de l'objet qui lui vint à l'esprit. Il finit par revenir, après quelques minutes, avec une tige de métal d'une vingtaine de centimètres. Elle était grise, lisse et légèrement tordue, avec un trou à l'une de ses extrémités. Al tendit cela à Salomé.
- Vous pouvez utiliser ceci. Si les résultats sont concluants, ramenez-moi ce métal, il est précieux.
Sans y penser, par réflexe stupide, Al baissa les yeux pour contempler les chaussures de Salomé. Hélas, comme souvent en cette période de l'année, on ne voyait guère ses pieds. Ainsi, Al releva le regard et le plongea encore dans les papiers, signés par plusieurs de ses collègues. Rien de neuf n'y était apparu, mais c'était toujours mieux que de faire la conversation. |
| | | Salomé Gray
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| Sujet: Re: Je ne connais pas la timidité: les herbes ne le permettent pas ~ Al Sam 17 Nov - 6:39 | |
| L'idée que mes fioles de verre prouvaient la résistance de la matière dans laquelle elles étaient conçues ne m'avait pas effleuré l'esprit. C'était tellement évident. Si simple. Trop simple. Je n'avais pas le cœur à me reposer sur des acquis de la vie courante, j'aurais aimé tester le verre sous toutes ses formes. Fissuré, intact, gondolé, abîmé, ancien, tout juste sorti de l'atelier, fin, épais, rouge, transparent, bleu, à moitié fondu...
« Certes, la résistance de mes fioles témoigne de la majesté du verre mais une petite expérience en bonne et due forme dans les règles de l'art n'est pas à négliger face à la simplicité de nos acquis. Nous ne sommes jamais sûrs de rien, tel et mon credo. »
J'esquissais une moue d'excuse. Je ne voulais pour rien au monde que le magister ressente mes paroles comme un sermon. L'histoire de l'Université à travers les âges avait montré à quel point les inventeurs les plus brillants étaient également les plus imprévisibles. Le vote était de mise à la table de nos supérieurs. Quand bien même il était inutile de me mettre Al van Koriolis à dos. Un petit silence s’installait et puis finalement...
« Gray. Salomé Gray. » Mon nom importait peu. Où était l'importance de l'identité quand on était plongé dans de passionnants problèmes ? « Mais vous me connaissez peut-être sous ce charmant surnom attribué par mes camarades : l'Empoisonneuse. »
Ça m'avait échappé. Ce n'était pas malin d'étaler ma mauvaise réputation auprès d'un magister, peut-être allait-il interpréter mes paroles comme une plainte. Cette perspective ne m’enchantait pas néanmoins je ne trouvais rien de bon à ajouter.
Al van Koriolis semblait mal à l'aise. L'air indéfinissable qu'il arborait en début de conversation n'était plus qu'une ombre masquée par la gêne. Était-ce la mention de mon surnom qui l'avait effrayé ? Les magisters étaient réputés pour être puissants ; ce maître du métal ne devrait pas me craindre. En théorie.
Il s'était écarté et je ne savais que dire pour rattraper la conversation. Je me mordillais la lèvre rongée par l'inquiétude.
« Ah... Merci beaucoup! »
Petit soupir de soulagement. Mon imagination partait trop loin parfois : lorsque le magister s'était approché en brandissant une tige en métal mes méninges avaient démarré au quart de tour. Et je n'avais pris aucune herbe hallucinogène.
Cela devenait presque une seconde nature...
« Hem, merci bien » trop de remerciements, c'était suspect ! « pourriez-vous m'en dire un peu plus sur cet échantillon ? Vous êtes certain de vouloir le soumettre à toutes les substances possibles ? Il n'est pas assuré que je puisse vous le ramener en un si bon état. »
Je n'étais pas certaine d'avoir été entendue. Je baissais à mon tour le regard vers mes pieds. Avais-je marché sur une flaque d'huile ? Je relevais légèrement les pans de ma robe, découvrant mes chevilles l'espace de quelques secondes. Il n'y avait rien au sol, juste mes pieds et un peu de poussière.
Je relevais la tête en dissimulant mon air déconcerté. La lourde étoffe de mon vêtement retrouva sa place initiale, masquant les petites chaussures pointues que je portais.
« Navrée de vous avoir dérangé monsieur, vous m'avez beaucoup aidé. Peut-être auriez vous besoin d'un... »
La fin de ma phrase fut noyée dans un fracas épouvantable. Quelque chose s'était brutalement effondré à l'autre bout du hangar et le bruit n'en finissait plus. Il résonnait de toutes parts. Je ne songeais même pas à me couvrir les oreilles pour me protéger de cette cacophonie. Je me contentais de fixer Al van Koriolis. |
| | | Al van Koriolis
Magister Architectura Templi
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| Sujet: Re: Je ne connais pas la timidité: les herbes ne le permettent pas ~ Al Dim 18 Nov - 10:15 | |
| Al partait honnêtement du principe qu'une étude a déjà été menée au sujet du verre. Après tout, le verre était un domaine de magie propre à Architectura Templi, grâce au génial Nathaniel Lazarey qui décrit tout ce qu'il savait sur le sujet, à peu près au même moment où Lao faisait surgir la présente montagne du sol. Il fallait donc supposer que quelqu'un s'était occupé du sujet. De son côté le Magister ne s'en préoccupait pas. Chacun avait son rôle, bien défini, il fallait s'y tenir.
- L'Université dispose déjà de connaissances très étendues au sujet du verre. Il suffit de consulter quelqu'un de compétent dans le domaine.
Il est vrai, qu'à côté des machines en fer et en acier, Architectura Templi fabriquait des merveilles en verre. Appareils alchimiques, oeuvres d'art, protections,... Tout était possible. Par conséquent, cela devait être connu de quelqu'un et la résistance du verre ne devrait pas être un grand secret.
Toutes les choses et personnes doivent avoir un nom. Pouvoir nommer quelque chose signifie le connaître, pouvoir en parler. Il y a un ordre dans le monde qui impose qu'on connaisse les noms des gens. Al van Koriolis ne s'intéressait pas aux surnoms qu'on donnait aux gens à l'Université. Le vrai nom était ce qui importait. L'ordre et la capacité à nommer les choses, les classer, dans une connaissance rassurante. Sans oublier le fait que quelqu'un lui avait certainement dit que les présentations relevaient des interactions sociales les plus basiques et les plus importantes. Ainsi, puisque manifestement connaissait-elle son nom à lui, il voulut apprendre le sien.
- Il s'agit d'une pièce de rechange de mon projet. Un alliage de titane et de fer. Très résistant aux frottements. Je m'en sers comme axe dans plusieurs jeux d'engrenages.
Il se contenta de hocher la tête. Son alliage était certes précieux, mais aussi très résistant. Et la pièce n'allait plus lui servir dans l'immédiat, sachant les récents changements dans les plans. Elle ne servait que de réserve, en cas de nécessité de remplacement. A défaut de panne technique, il n'allait pas en avoir besoin. Et s'il disait qu'elle pouvait mettre cela à l'épreuve, c'est qu'elle le pouvait. Inutile de demander, si on a bien entendu. Al ne mentait pas et n'avait généralement qu'une parole. Il fallait vraiment le coincer pour lui faire dire autre chose que ce qu'il avait déclaré à froid. Il fut gêné qu'elle remarque son regard insistant sur ses pieds, mais elle ne creusa pas le sujet. Sa reconnaissance ne se vit pas sur son visage.
Salomé n'a pas pu finir sa phrase, interrompue par le fracas résonnant dans l'atelier. Au son et à sa provenance, Al sut laquelle de ses petites machines s'est mise en route sur les étagères pour faire tomber les autres objets, entreposés à côté dans un ordre parfait. Le Magister fronça légèrement les sourcils, soucieux. Il espérait que cela n'allait pas entraîner de pertes matérielles. En quelques gestes bien secs, sans mouvements superflus, Al ramena le silence et un ordre provisoire sur les étagères. Le métal s'immobilisa, certains objets retrouvèrent leurs places, d'autres se posèrent au sol sans un bruit. La source principale du problème était sans doute une vibration majeure entraînée par quelque expérience ou machine à l'oeuvre dans l'Université. Les pistons et les tuyaux du Temple ne s'arrêtaient jamais, comme un organisme immortel. Quelqu'un était toujours quelque part en train de travailler.
Al était de nouveau gêné par cette interruption imprévue qui venait ternir encore un peu son image déjà peu prestigieuse, malgré le titre qu'il portait.
- Veuillez m'excuser, cela arrive parfois à cause des chocs dans les niveaux inférieurs. Vous me demandiez si je n'avais pas besoin de quelque chose, n'est-ce pas ? |
| | | Salomé Gray
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| Sujet: Re: Je ne connais pas la timidité: les herbes ne le permettent pas ~ Al Dim 25 Nov - 0:17 | |
| Ces moments comme celui-là s'étiraient parfois jusqu'à l'infini. Al van Koriolis faisait le nécessaire pour rétablir l'ordre dans son atelier. Ses gestes secs et précis lui conféraient un peu plus de cachet en tant que magister, l'air coincé qu'il m'avait offert jusque là n'était guère convainquant. J'observais la scène d'un air poli, le visage figé.
J'avais déjà reçu mon lot de remarques à ce sujet. Mes traits statiques avaient l'étrange capacité de mettre mal à l'aise certains de mes interlocuteurs. Ceux qui avaient le plus de choses à se reprocher. Ceux qui espéraient me mettre dans leur lit – ils changeaient subitement d'avis. Un grande perte pour les données de mon petit carnet violet...
Que l'on dise quoique ce soit à mon sujet ne me dérangeait pas. Ce n'était pas pratique lorsque les ragots se muaient suspicions de meurtre mais d'un autre côté je n'avais pas envie de changer pour apaiser la foule.
Je me demandais même si c'était possible, de changer. Agir normalement.
Al van Koriolis ne semblait pas plus effrayé que ça. Il n'avait même pas relevé mon petit surnom. Était-ce par désintéressement ou par absence totale de peur ? Ce magister était difficile à cerner. Et je n'avais pas de plume sur moi (les dernières en date, celles avec un petit réservoir d'encre) : je me serais fait un plaisir de la brandir sous le nez du maître du métal pour le soumettre à mes questions.
« Inutile de vous excuser » commençais-je à répondre en tâtonnant les flancs de ma robe, à la recherche d'une quelconque poche qui contiendrait une miraculeuse plume ou même une simple mine de crayon. Mais ma robe n'avait aucune poche. « Je réside ici depuis assez longtemps pour savoir que... » Je fermais brusquement la bouche, mon front se barrant d'un pli interrogateur. Je ne parvenais pas à formuler ma question. Je lançais un regard vaguement désespéré en direction du magister. Le Conseil n'est-il pas censé nous fournir toutes les réponses ? Une fraction de seconde plus tard, je continuais sur ma lancée. « … tout est possible ici, qu'il ne faut pas se formaliser pour tel ou tel incident. Il en arrive tant. Certains aboutissent à de bonnes surprises. »
Je n'avais plus le cœur à la conversation. J'avais conclu mes propos pour la forme, déballant les clichés habituels... Il y avait cette étrange certitude qui me triturait l'esprit. Je réside ici depuis assez longtemps. C'était comme si je touchais à une vérité importante que j'avais découverte et qui avait été enterrée. L'atelier du magister van Koriolis n'était pas l'endroit idéal pour de telles révélations. Je me concentrais de nouveau sur le petit roux.
« Je voulais vous proposer mon aide en remerciement et en dédommagement du temps perdu. J'ai peut-être mis trop d'enthousiasme dans cette commande et j'aurais du consulter mon magister référent sur ce projet avant de vous importuner. » Il n'y avait pas la moindre trace d'excuse dans mes paroles. J'énonçais un simple fait. « Si la main d’œuvre vous est inutile je peux vous confectionner des mélanges d'herbes. Il y a une plante pour chaque problème : douleurs musculaires, somnolence ou même... les blocages psychologiques. J'ai déjà eu quelques commandes de nobles qui ne savaient plus comment supporter les réceptions mondaines à répétition sans être fatalement aigres avec leurs interlocuteurs. Les plantes ont réglé tous leurs problèmes... »
La réponse du magister ne me parvint qu'à moitié. Je tendis la main vers lui pour l'interrompre en plein milieu de sa phrase.
« Excusez-moi » annonçais-je d'un ton parfaitement calme avant de lui tourner le dos et de cracher mes poumons dans la manche droite de ma robe.
L'incident m'était familier, je sentais toujours ce picotement horrible au creux des côtes avant d'avoir ces crises de toux. Ordinairement elles se produisaient uniquement au réveil. Voilà qui n'arrangeait pas mes affaires. Cela n'avait duré que quelques secondes mais ma manche était souillée d'une petite pluie de sang. Le parchemin que je tenais dans l'autre main avait lui aussi reçu sa dose d'hémoglobine.
« Et merde. » Murmure de consternation.
J'essuyais une dernière fois le coin de mes lèvres avec ma manche avant de revenir face au magister. Ce type d'expérience m'était si familier que je ne m'en formalisais plus.
« Désolée. Donc, vous disiez.. ? » |
| | | Al van Koriolis
Magister Architectura Templi
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| Sujet: Re: Je ne connais pas la timidité: les herbes ne le permettent pas ~ Al Lun 26 Nov - 8:18 | |
| Le désintéressement.
Al avait du mal avec le concept de mauvaises intentions, en étant lui-même dépourvu. Bien sûr, techniquement, il savait que la Garde, l'Armée et l'Inquisition n'existaient pas uniquement par caprice des générations d'Empereur. Ils étaient là parce que tout le monde n'avait pas son sens d'ordre établi, de justice et de respect des règles. Néanmoins, le Magister ne pensait pas être un jour la victime de malveillance. Pourquoi viendrait-on l'empoisonner, lui ? Il n'a rien fait à personne et, si quelqu'un voulait régler un différend dans la violence, il restait toujours la question du duel. Al n'a jamais participé à aucun d'entre eux, mais Architectura Templi toute entière était une source de matières susceptibles d'assurer sa défense.
Il se frotta les mains, écoutant ce que Salomé avait encore à dire. C'est fou combien de mots elle pouvait prononcer et combien de temps ça pouvait prendre. Al admirait cette capacité à parler autant et aussi aisément, bien sûr. Cela dit, parfois, c'était ennuyeux. La capacité de synthèse était précieuse dans le monde universitaire. Et tout le monde ne l'avait pas.
Proposer de l'aide à Al van Koriolis était... vain. Il la refusait toujours, à moins qu'il ne s'agisse d'argent. Toute autre aide était une atteinte à ses principes. Il donnait des cours, il soutenait quelques assistants. Aucun n'avait le droit de travailler avec lui sur son projet personnel. Sa machine volante ne devait être que son oeuvre à lui. Et à personne d'autre.
- Vous ne pouvez m'aider, mademoiselle Gray. Merci.
Sec et clair. Poli, bien sûr. Voilà tout, il n'y avait rien à ajouter. Ce n'était pas mélodramatique. Al constatait un fait. Personne ne pouvait l'aider, parce que personne ne pouvait être dans sa tête et savoir ce qu'il voulait faire en travaillant. Et les explications seraient bien trop longues ou pénibles. Sans parler du fait qu'il est difficile de faire confiance quant à la qualité du travail fourni par une personne inconnue.
L'alternative présentée l'intéresse, l'intrigue. Son domaine à elle réside donc dans les plantes et autres composés chimiques ? Al supposait que ce genre de connaissances relevait surtout des travaux propres à Exodum... Mais bien sûr, rien n'interdisait les travaux sur les potions aux scientifiques d'Architectura Templi. Il resta silencieux, luttant avec son désir de perdre ses barrières sociales. La méfiance était cependant grande envers ce genre de science. Si quelque chose n'était pas fait de rouages et de pistons, van Koriolis s'en méfiait. On parlait bien du fait que les molécules étaient comme des engrenages, s'accrochant les unes aux autres et formant un tout. Mais il n'y croyait pas vraiment... Du coup, il se dit qu'il devrait poser la question à quelqu'un de confiance avant...
Le Magister ne put vraiment répondre de suite. Salomé était manifestement malade ce qui finit de le convaincre. Si elle n'était pas capable de se soigner avec ses potions... Soit elle était un cordonnier mal chaussé, soit elle était incompétente. Enfin, tout cela méritait plus mûre réflexion. Qu'importe. Il verrait cela plus tard.
- Je ne disais rien. En fait, je crois que je reviendrai vers vous une autre fois. Il n'y a rien que je puisse vous demander dans l'immédiat, alors il serait bon que nous retournions à nos travaux respectifs.
Bien sûr, il y avait tant à faire... Et puis, Al n'allait pas assurer une conversation en bonne et due forme, juste pour le plaisir. Déjà, son regard revenait vers la machine volante, encore et toujours clouée au sol. |
| | | Salomé Gray
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| Sujet: Re: Je ne connais pas la timidité: les herbes ne le permettent pas ~ Al Sam 1 Déc - 8:33 | |
| « Oh. »
Le magister s'était brutalement désintéressé de moi, il semblait prêt à s'absorber tout entier à la machine lourde et imposante qui monopolisait les trois quarts de l'atelier. Une courte seconde, j’eus l'impression que l'engin s'enfonçait dans le sol.
J'étais surprise par la répartie de l'ingénieur. D'abord sa gêne puis mon invitation déclinée avec une politesse toute réaliste. D'ordinaire les gens sautaient sur l'occasion pour soutirer un peu de bénéfice d'autrui. L'Architectura Templi était la plus vénérable des universités mais n'oublions pas qu'elle était peuplée d'hommes et de femmes. On ne se refait pas.
J'observais Al van Koriolis pendant quelques secondes, le pli de la curiosité au coin des lèvres. J'étais loin d'avoir découvert tous les secrets de l'université, je n'avais pas encore vu toutes les singularités qui parcouraient les couloirs.
Cette maladresse de magister aurait sans aucun doute intéressé les illuminés qui étudiaient la science de l'inconscient et l'impact des expériences d'enfant sur la psyché adulte. Ce n'était pas mon domaine et ce ne le serait jamais. Cependant les réactions d'autrui me fascinaient. J'avais fini par établir un schéma général et j'étais lassée de mes tests et observations. Sauf lorsque quelqu'un dérogeait au Plan.
Le fait que ce quelqu'un soit mon supérieur ultime et direct était un frein à toute tentative de poursuite d'expérience. Et le magister n'avait pas tort : la situation s'était éclaircie, j'avais un nouvel échantillon à tester. Il fallait retourner au travail.
« Je suis disponible à toute heure du jour et de la nuit. »
C'était en grande partie vrai. Je dormais peu. Mais j'étais souvent en plein séance de digestion d'herbes hallucinogènes. A faible dose il était encore possible de me solliciter, je n'en étais que plus performante. Mais si j'avais décidé en ingérer une grande quantité on ne pouvait rien tirer de moi. Poupée inutile qui voyageait dans sa tête.
« Au revoir monsieur van Koriolis »
Je n'étais pas mécontente de la tournure de cette entrevue. Tout ne s'était pas déroulé avec la précision d'une horloge et je m'étais quelques fois sentie diminuée mais cela me convenait : je gardais toujours à l'esprit ce besoin de ne pas étaler mes véritables capacités. Sans trop savoir pourquoi, les honneurs ou la bienveillance croissante de professeurs éminents et des magisters me terrorisait.
Je n'avais pas envie d'être sous les feux des projecteurs.
Je franchis le seuil de l'atelier du magister après un petit signe de politesse. Ma main effleurait le parchemin et étalait mon propre sang qui se mêlait à l'encre des instructions.
Tant pis.
Je les connaissais par cœur. Ainsi que la liste de métaux à tester. J'avais encore beaucoup de couloirs à traverser, l'Architectura Templi était plus grande qu'on ne le pensait et mon bureau était pratiquement à l'opposé de l'atelier du magister. Je croisais quelques collègues et j'entendis mon petit surnom flotter.
« Elles sont où tes fioles Salomé ? »
Je continuais ma route, m'abstenant de répliquer. C'était le genre d'attitude qui entretenait le mystère et les ragots mais je ne voyais pas l'intérêt d'entrer en discussion alors que les expériences m'attendaient.
Je fis deux tours de clef pour verrouiller la porte de mon bureau tandis que j'étais à l'intérieur. |
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